La secrétaire générale de la Confédération générale du travail (CGT), Sophie Binet, et Fabien Roussel (Parti communiste français, PCF) ont dénoncé, mercredi 17 mai, des violences dans le conflit social en cours dans l’enseigne de puériculture Vertbaudet à Marquette-lez-Lille (Nord), où la police a évacué mardi un piquet de grève. Le parquet de Lille a annoncé dans l’après-midi l’ouverture d’une enquête sur l’agression présumée d’un délégué CGT. « Des investigations sont en cours, notamment des réquisitions d’images de vidéoprotection »avons-nous dit à l’accusation.
« Non seulement le patron refuse de négocier, mais en plus le préfet, au lieu d’organiser une médiation, vient de leur envoyer les CRS pour démanteler le piquet de grève, et nous avons un gréviste qui s’est retrouvé aux urgences et plusieurs gardiens à vu. « déplore Sophie Binet sur France Inter. L’évacuation a eu lieu mardi matin. Les CRS ont délogé les grévistes mobilisés depuis le 20 mars à l’appel de la CGT pour des augmentations de salaire. Selon la direction, 72 salariés sur 327 sont toujours en grève.
Reçue en fin d’après-midi par Elisabeth Borne, la responsable syndicale a assuré que le Premier ministre s’était engagé envers elle à faire « arrêter toutes les poursuites judiciaires contre les travailleurs » Et « garantir une médiation avec la direction de l’entreprise ».
« Copieusement gazé, frappé »
Le syndicat local de la CGT avait affirmé dans un communiqué que l’un des deux délégués CGT du site avait été « Copieusement gazé, battu » mardi soir par des personnes se faisant passer pour « police en civil » vint le défier devant chez lui au cri de « sale attaquant ». La direction départementale de la sécurité publique du Nord s’est refusée à tout commentaire.
Le député du Nord et patron du PCF, Fabien Roussel, avait annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) avoir saisi le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, de cette agression. « extrêmement sérieux »et espérait que le parquet s’en saisirait, nonobstant le dépôt d’une plainte par le délégué, « traumatisé ». Une quarantaine de salariés grévistes ont également déménagé mercredi sur le site, encadrés par les forces de l’ordre, a indiqué à l’AFP l’une d’entre elles, Anaïs Vanneuville. « Nous poursuivons notre grève et restons mobilisés sur le chantier »elle a assuré.
Selon la CGT, la police était déjà intervenue lundi. Ils avaient interpellé deux militants extérieurs à l’entreprise et les avaient placés en garde à vue, une information non confirmée par le parquet de Lille. Selon leur avocat, Ioannis Kappopoulos, ils auraient été libérés, sans suite immédiate. Dans cette entreprise, « Il n’y a pas de salaire au-dessus de 1 500 euros. Les filles qui travaillent sur la chaîne de montage pour fabriquer des colis marchent 22 kilomètres par jour debout »avait dans la matinée dénoncé sur CNews M. Roussel, réclamant lui aussi une médiation.
Il a évoqué un climat de violence sexiste et d’insultes, invitant les grévistes à « porter plainte ». « Tu peux mourir dehorsdisent, selon lui, des membres de la direction passant régulièrement devant le piquet de grève. Parce qu’elles sont des femmes, l’une d’entre elles s’est permise de dire : « Il n’y a jamais eu autant de préservatifs dans le monde ». »
Le député « insoumis » de la Somme, François Ruffin, a pour sa part réaffirmé mercredi son soutien aux salariés en grève dans un communiqué. «Ils exigent le respect. Nous leur répondons avec brutalité.se lamenta-t-il.