Alors que l’emploi des seniors est au cœur des discussions entre Elisabeth Borne et les syndicats, le dernier baromètre de l’intérim de mars 2023 de Prism’emploi, l’organisation des professionnels du secteur de l’intérim, met le doigt sur un sujet méconnu phénomène : ces dernières années, la part des plus de 50 ans n’a cessé d’augmenter dans l’intérim. Cette classe d’actifs représentait 13,4% des salariés intérimaires en 2022, contre 12,5% en 2020.
Entre 1995 et 2015, leur proportion avait déjà presque triplé, constatait une précédente enquête de l’Observatoire de l’intérim et du recrutement publiée en mai 2022. Cette croissance accompagne le vieillissement de la population et les réformes repoussant l’âge de départ à la retraite. C’est aussi une conséquence du resserrement de la vis autour des préretraites et autres possibilités de dispense de recherche d’emploi pour les seniors.
Plus d’heures que la moyenne
Ayant peu d’espoir de trouver un CDI, certains de ceux qui se retrouvent au chômage en fin de carrière se tournent vers l’intérim. Selon l’enquête de l’Observatoire de l’intérim et de l’emploi, près des deux tiers des intérimaires étaient au chômage lors de leur inscription en agence et autant rejoignent l’intérim après 40 ans. « Le souhait de reprendre rapidement le travail était la principale raison de leur recours à l’intérim pour 52% d’entre eux », précise l’étude. Pour les seniors bénéficiant d’une petite retraite, des dispositifs comme le combiné retraite emploi ont également pu favoriser cette forme de reprise d’activité.
Autre donnée notable mise en avant dans le baromètre Prism’emploi : les seniors en intérim travaillent un nombre d’heures supérieur à la moyenne. Soit 635 heures par an pour les 55-59 ans en 2022, contre 464 heures tous âges confondus. Selon ce document, c’est cette tranche d’âge qui travaille le plus d’heures en intérim, suivie des 50-54 ans (620 heures). Pour cette tranche d’âge, l’intérim n’est pas un travail d’appoint.
Les tensions à l’embauche poussent aussi les employeurs à ouvrir plus largement leurs portes aux seniors. Les sexagénaires représentent désormais 21% de l’activité intérimaire du secteur de la construction en 2020, selon l’Observatoire intérimaire. « Les 50+ sont de plus en plus « recherchés » (…) pour leurs qualités de comportement et de savoir-être, quand ce n’est pas pour leurs qualifications », ajoute l’enquête. En matière de postes d’encadrement, les années 2000 voient également la naissance d’agences d’intérim spécialisées dans les seniors expérimentés.
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