Pour donner des gages aux partenaires sociaux et commencer à tourner la page de la réforme des retraites, le gouvernement mise sur le thème du partage de la valeur. Il est d’ores et déjà prévu que l’accord national interprofessionnel (ANI), conclu en février entre les organisations patronales et les syndicats – à l’exception de la CGT -, soit prochainement fidèlement transcrit dans la loi. L’exécutif pourra également s’appuyer sur le rapport parlementaire de la mission d’information sur le partage de la valeur remis par les députés Louis Margueritte (Renaissance, Saône-et-Loire) et Eva Sas (Europe Ecologie-Les Verts, Paris) mercredi avril 12.
L’accord signé par les partenaires sociaux vise à généraliser les dispositifs existants en obligeant les entreprises de 11 à 49 salariés à mettre en place un dispositif « partage de la valeur juridique » (participation, intéressement mais aussi prime de partage de valeur) s’ils génèrent, pendant trois années consécutives, un bénéfice significatif, au moins égal à 1% de leur chiffre d’affaires. En ce qui concerne les entreprises d’au moins cinquante salariés, des discussions devront être ouvertes afin de « mieux prendre en compte les résultats exceptionnels » fabriqué en France. Une mesure qui doit répondre, en partie, au débat qui agite la société depuis des mois sur les superprofits.
Effets d’aubaine sur les salaires
Les journalistes « soutenir la transcription législative » de l’ANI, qui « est la preuve que le dialogue social fonctionne en France ». Cependant, ils jugent nécessaire de le compléter. « L’ANI a été collectivement saluée et c’est un accord historique », a rappelé Louis Margueritte lors de la présentation du rapport à la presse, tout en évoquant des pistes pour aller plus loin. Le rapport recommande d’avancer la date d’application prévue d’un an, à 1euh janvier 2024. « Faire entrer en vigueur ce mécanisme le 1euh Janvier 2025, compte tenu des chiffres incluant 2024, signifierait un premier versement dans le courant de l’année 2025, c’est-à-dire dans des délais insatisfaisants par rapport à l’urgence du pouvoir d’achat., écrivent les auteurs. Outre cette volonté d’aller plus vite, les deux rapporteurs s’inquiètent de l’absence d’obligation de fixer un montant minimum à distribuer aux salariés. « Un chef d’entreprise pourrait ainsi satisfaire à cette obligation en distribuant un PPV [prime de partage de la valeur] de 1 euro »font-ils remarquer.
Les travaux de la mission d’information indiquent que le nombre d’entreprises concernées par la nouvelle obligation de l’ANI « pourrait être relativement petit ». Selon les estimations des services du ministère du travail sur des données de 2020, « 16 750 entreprises au maximum, sur les 130 000 entreprises comptant entre 11 et 50 salariés, pourraient être concernées par cette nouvelle obligation, soit entre 180 000 et 840 000 salariés ». En prenant les chiffres d’avant la crise sanitaire, 67 000 entreprises auraient rempli les critères pendant trois années consécutives, « représentant environ 1,5 million d’équivalents temps plein ».
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