« Ma seule animation de recrutement ce sont mes gars! » Même sans offre d’emploi, beaucoup de gens viennent nous voir via le bouche-à-oreille, et quand je les reçois en entretien quelque chose fait tilt chez eux. » Lorsqu’il a repris, en 2019, Leboeuf Fillon, une PME de plomberie et de chauffage de treize salariés près de Tours, Luc Barillon a activé la semaine de quatre jours, sans réduire le temps de travail (36 heures hebdomadaires, dont une supplémentaire pour obtenir neuf heures par jour).
Malgré la pénurie de main-d’œuvre qui frappe le BTP, l’entreprise compte maintenant quarante-huit employés : « Aujourd’hui, c’est compliqué de trouver des travailleurs compétents. Il fallait être inventif pour se développer, ou les gens aspirent à avoir du temps. C’est du gagnant-gagnant, le premier pas de la réussite c’est l’efficacité des hommes. »
En 1996, la loi Robien avait permis à quatre cents entreprises de passer de 39 heures à 32 heures sur quatre jours, en les exonérant de cotisations chômage si elles augmentaient leurs effectifs de 10 % à 15 %. La PME de recyclage de matériaux Yprema avait alors compensé la réduction du temps de travail des personnels par une augmentation de machines et l’embauche de nouveaux agents. Les lois Aubry sur les 35 heures (1998 et 2000) ont fait tomber la mesure en désuétude, et seules quelques sociétés ont conservé les quatre jours, dont Yprema.
Amélioration du « bienêtre »
Si le sujet en France demeure embryonnaire – au troisième trimestre 2021, seuls 2,4 % des salariés à temps complet avaient une durée hebdomadaire de travail comprise entre 32 heures et 35 heures, selon la direction des statistiques du ministère du travail (Dares) – , les les entreprises françaises qui se sont tournées vers la semaine de quatre jours ces dernières années sont en mesure de faire un bilan.
En premier lieu, la transition managériale prend du temps : il aura fallu six mois à LDLC, spécialisée dans la vente de produits high-tech et il y a un an à 32 heures sur quatre jours sans perte de salaire. Le PDG Laurent de la Clergerie était sûr de lui, malgré quelques réticences : « Les managers ont mis deux mois pour se faire à l’idée, ils avaient peur que leurs équipes ne fassent rien en leur jour d’absence. Mais justement ces heures je ne leur ai pas donné de données, je leur ai simplement arrêté de faire du présentéisme » non-production.
A l’origine, un accord d’entreprise doit définir les modalités de la réorganisation, pour déterminer notamment le jour pris par chacun. Chez Welcome to the Jungle, qui a sauté le pas en 2019 sans baisse de rémunération, c’est finalement le mercredi ou le vendredi, pour que les réunions se déroulent à effectif complet les autres jours.
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