Entreprises. Durant l’été, plusieurs départements français ont instauré la règle d’un appel obligatoire au numéro 15 afin de pouvoir, avec son accord, se rendre aux urgences. Cette mesure répondait à la saturation habituelle de ces services, subitement aggravée par la pénurie de personnel soignant.
Mais s’agit-il seulement de demander aux centres du Service d’aide médicale d’urgence (SAMU) – et temporairement – une mission de régulation qui ne relève pas de leur mission ? A la lumière de l’histoire hospitalière, une autre perspective s’impose : il faut au contraire y voir un retour aux sources du numéro 15, et à la coordination des acteurs de l’urgence médicale dont il devait être l’instrument. . .
Datant des années 1980, la création du numéro 15 répondait déjà à une situation préoccupante, alors que les prochaines crises d’urgences médicales étaient clairement annoncées. Les hôpitaux ont vu un afflux de patients en augmentation constante, dont seule une minorité (5% à 6%, à l’époque) nécessitait des soins médicaux immédiats. La médecine de ville se retire de ses fonctions, tandis que les associations de praticiens se spécialisent dans les visites à domicile.
Hôpitaux réservés aux pathologies aiguës
La détresse sociale complique et augmente le flux des demandes : les personnes âgées, nécessitant un placement au long cours ou des soins chroniques, les urgences bondées car les hôpitaux sont de plus en plus réservés aux pathologies aiguës.
Parallèlement, la médecine des urgences les plus graves progresse : les SAMU se multiplient et sont équipés d’ambulances adaptées au traitement sur place des cas les plus lourds. Quant aux pompiers (qui peuvent disposer de leurs propres équipes médicales) et à la police, leur intervention s’est parfois avérée indispensable à domicile ou sur la voie publique.
De multiples études ont alerté sur ces bouleversements et prôné une régulation impliquant tous les acteurs privés et publics. Réglementation sans laquelle les urgences hospitalières – seul recours facile disponible en tout temps – seraient inévitablement débordées. Le 15 est né de ce besoin et sa tâche était d’identifier la nature de l’urgence, d’orienter le patient et d’accélérer, si nécessaire, l’intervention la plus appropriée. [cf. « Le 15 à Paris, un numéro unique pour les urgences médicales », collectif de chercheurs, publication de l’Ecole des mines, 1980].
En moins de deux ou trois minutes
Pourtant, depuis des décennies, les autorités sanitaires n’ont pas encouragé cet usage du 15 alors que la croissance rapide des flux d’urgence et les difficultés de ces services (attentes, incivilités, encombrements, etc.) n’ont jamais cessé. Il a fallu une crise sans précédent, celle du Covid-19, pour que le 15 retrouve sa fonction.
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