Appelez-les des tiers-lieux, des espaces de coworking ou « bureaux secondaires », comme le murmure le sociologue Jean Viard, en écho « à la culture de la résidence secondaire ». Ces espaces loués à l’heure, à la journée ou au mois pourraient être une solution pour tous les télétravailleurs dont le logement est trop petit, ou pour qui la présence d’enfants, d’un colocataire, ou d’un conjoint télétravaillant également, rend difficile la concentration.
« Ce sont des espaces mis à disposition là où vous êtes mais qui sont exploités par d’autres et qui sont payés comme chambres d’hôtel. Quand je voyage, je n’ai pas de chambre toute l’année au Ritz; Je dors à Marseille, Lyon, Rennes. Pour le bureau, c’est pareil »explique Frédéric Goupil de Bouillé, vice-président de l’ADI, l’Association des directeurs immobiliers.
Développer des lieux de travail pour les employés « en bas plutôt qu’à la maison » a été l’une des avenues choisies par la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, lorsqu’elle a présenté, à l’automne 2021, sa vision sur la façon de« Habiter la France de demain » : plus de confort, moins de temps en transport, mais aussi insuffler de la vie dans certains territoires.
Des communes comme Orgères (Ille-et-Vilaine), petite ville de 4 200 habitants proche de Rennes, proposent des espaces avec tables partagées, salles de réunion connectées et machines à café, en centre-ville. Les promoteurs les créent au fond de leurs résidences. Mais le créneau est principalement investi par les marques qui sont venues concurrencer IWG, ex-Regus, le roi du bureau sans bail fixe depuis trente ans. Le concept de WeWork, Morning ou Deskeo, arrivé sur le marché depuis une dizaine d’années, est le même, l’esthétique du pouf en plus.
Travailler vert
Après une année 2020 morose, l’activité redémarre. Jusqu’à présent, elle concernait principalement les métropoles. A Paris, Morning (groupe Nexity) va ouvrir son plus grand site, 8 000 m2, rue Laffitte, dans le 9e arrondissement, à l’automne; les trois étages luxueux de l’Hôtel de la Marine, surplombant le Concorde, commercialisés depuis l’été 2021, sont occupés à 92% et la Fédération Internationale de Football y a installé son siège parisien aux côtés de fonds d’investissement ou de l’éditeur de logiciels Yousign. Une maison de luxe y arrive début juin. Partout, les taux de remplissage sont bons. Même les grands groupes sont séduits. Swile, le spécialiste des bons restaurants dématérialisés, ou L’Oréal, loue des immeubles entiers dans le centre de la capitale.
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