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Devant une assemblée de quelque deux cents membres de l’association Collège des directeurs du développement durable (C3D), qui réunit des responsables du développement durable de presque autant d’entreprises de toutes tailles, Thibaud, 27 ans, prend la parole. : « Pourquoi vos patrons n’avancent-ils pas aussi vite que vous le voudriez et le devriez ? Parce qu’ils doivent se botter le cul pour le faire. Il ne s’agit pas de dire que le réformisme est mauvais, ni que ce que vous faites est mauvais, mais, désormais, une révolution est nécessaire et inévitable… »
La scène se déroule en plein été à la Fondation GoodPlanet, dans le Bois de Boulogne (16e arrondissement de Paris), qui accueille le colloque annuel C3D. Deux mondes s’y opposent : d’un côté, des salariés convaincus que les services de responsabilité sociale et environnementale (RSE) ou de développement durable dans lesquels ils évoluent ne sont pas « accessoires » et contribuent à répondre aux enjeux environnementaux en revoyant l’activité et le business model des entreprises ; de l’autre, Thibaud, un jeune militant du collectif écologiste Last Renovation. Il est est venu rappeler aux premiers l’urgence d’agir face à la crise environnementale. « Nous n’avons plus le temps de prendre le temps du changement lent et de la conviction, comme ils le font, il résume, à part. S’ils sont vraiment sensibles aux questions écologiques, ils doivent entrer en résistance à l’intérieur ou à l’extérieur de l’entreprise. »
Une fois n’est pas coutume, cette prise de parole ne se fait pas sous forme de happening, comme le tout jeune collectif en a l’habitude, mais à l’invitation de Fabrice Bonifet. Président charismatique du C3D, ce dernier a des propos relativement radicaux sur l’urgence de la transition écologique des entreprises, compte tenu de sa position exposée de responsable du développement durable pour le groupe Bouygues. « Les paroles de ces jeunes nous aident. La pression à l’embauche qu’ils mettent sur les entreprises, de l’extérieur, en disant « Abandonnez les cases écocides ! », est complémentaire de celle que nous essayons de déployer en interne pour les faire évoluer »il dit. De quoi leur donner du grain à moudre et des pistes de réflexion pour la suite de la conférence…
« Recommandations vagues dans un PowerPoint »
« Moi aussi j’ai été dans ce paradigme RSE… »reprend Thibaud, qui a « bifurqué » après des études à Sciences Po et deux ans de pratique professionnelle « sur des missions de type RSE » dans un grand groupe publicitaire. « Les ambitions louables du service s’amenuisent un peu plus à chaque couche managériale supplémentaire, jusqu’à devenir, au final, de vagues recommandations dans un PowerPoint de la direction… »il se lamente.
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