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Directeur de recherche au CNRS, professeur à l’Ecole d’économie de Paris et co-président du Cercle des économistes, Hippolyte d’Albis est l’auteur du livre Aînés et emploi (Les Presses de Sciences Po, 2022).
La question du vieillissement démographique est-elle aujourd’hui suffisamment prise en compte dans les politiques économiques ?
La démographie est présente dans de nombreuses réflexions mais elle souffre de deux clichés opposés et contradictoires. La première, c’est que nous pensons qu’il s’agit d’un problème à très long terme. Mais ce n’est pas vrai. Dans dix ans, la population des plus de 60 ans pourrait augmenter de 2,7 millions de personnes, soit 14 % de plus qu’aujourd’hui. Dix ans c’est demain ! Le deuxième cliché est l’idée que la démographie est un phénomène prévisible. En fait, ce n’est pas du tout le cas.
La démographie dépend d’un certain nombre de dimensions non maîtrisées, d’incertitudes, comme on l’a vu lors de la crise du Covid-19 ou avec la question des flux migratoires, notamment en provenance de l’Union européenne – que nous ne pouvons donc pas maîtriser -, et celles liées aux départs. Le risque n’est pas de ne pas tenir compte de la démographie, mais plutôt d’ignorer l’incertitude liée à son évolution.
Comment l’aborder ?
On pense trop souvent que la question du vieillissement se résoudra avec de l’argent. Quand on parle de dépendance, par exemple, on évoque systématiquement le problème du financement de cette dépendance. Mais la question appelle des réponses beaucoup plus larges. La dépendance n’est pas qu’une question d’argent, c’est tout un secteur, une industrie à développer : des logements pour loger les gens, des professionnels pour les accompagner, les soigner, et donc des formations pour leur apporter les bonnes compétences…
La question de l’attractivité des métiers du « care » est fondamentale : elle passe par des augmentations de salaire, mais pas seulement. C’est la même chose pour l’emploi des seniors, un sujet dont on parle beaucoup ces temps-ci. Il ne s’agit pas seulement de mettre des financements ou des règles, mais plutôt de penser à la formation tout au long de la vie. Il faut penser à tout cela à l’avance.
La France pourra-t-elle se passer de main-d’œuvre immigrée pour compenser le départ à la retraite des baby-boomers ?
En France, la part des actifs par rapport à la population totale est de 44 %. Cela signifie que moins d’une personne sur deux travaille. C’est un chiffre qui ne devrait pas beaucoup évoluer au cours de la prochaine décennie, car l’augmentation de l’activité des femmes et des seniors compense peu ou prou les départs à la retraite. Mais 44% c’est très peu et cela se traduit par le fait que les heures travaillées par habitant sont plus faibles en France qu’ailleurs.
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