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Pour Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, il faut d’abord s’intéresser au travail des seniors et à la pénibilité, avant de s’attaquer à l’équilibre financier du système. Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, plaide pour une réforme forte.
L’urgence de la réforme
Bruno Retailleau : Trois raisons nous poussent à aller de l’avant avec cette réforme. Tout d’abord, la démographie. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, quatre – au moins – voire cinq générations cohabitent. La France a détruit, depuis dix ans, la politique familiale, le quotient familial, la garde des enfants, etc. Cela se traduit par une baisse de la natalité. Nous sommes à 1 retraité pour 1,7 actif, demain, 1 pour 1,5 et, en 2070, 1 retraité pour 1,3 actif.
Ensuite, nous avons un problème de justice et de pouvoir d’achat des retraités. Avec Emmanuel Macron, les retraites n’ont jamais été aussi appauvries. En 2019, la CFDT calculait cet appauvrissement à 1 250 euros par personne et par an, soit un mois de Smic. Contribution sociale généralisée [CSG] et les désindexations ont touché environ 8 millions de retraités pour 4,5 milliards d’euros de baisse de pension. Personne ne veut augmenter les cotisations, étant donné que les cotisations sociales sont très élevées en France par rapport aux autres pays européens.
Laurent Berger : Le déséquilibre du système est proche de 10 milliards d’euros par an, sur 320 milliards de pensions versées chaque année, soit environ 3 %. Un citoyen n’est pas en interdiction bancaire avec un découvert de 3% à la fin du mois. Le déficit de 3 % doit être comblé, mais il n’est pas écrasant. Les réformes de 1993, 2003, 2010 et 2013 ont éliminé de nombreux problèmes liés au baby-boom d’après-guerre.
Il faut arrêter de croire que les Français ne travaillent pas assez. Il n’y a jamais eu autant de personnes en emploi au cours des trente dernières années. L’âge moyen de la retraite est proche de 63 ans. Le Conseil d’orientation des retraites considère que cet âge sera proche de 64 ans avec l’allongement de la durée de cotisation.
Le chiffon rouge de l’âge de départ
KG: Pour nous, à la CFDT, la question de l’âge n’est pas le meilleur indicateur. Le problème majeur est la période de cotisation. Beaucoup d’entre nous pensent ici que travailler jusqu’à 65 ans sera probablement une réalité et un désir, mais ce n’est pas le cas de beaucoup d’autres travailleurs qui sont dans d’autres situations. La durée de cotisation est de quarante ans en Suède, alors qu’on ira à quarante-trois ans en France.
Je suis agacé par l’hypothèse que les Français ne travailleraient pas assez, et pas assez longtemps. Nous avons augmenté la durée des carrières depuis vingt ans. La réforme Touraine continue de s’appliquer, avec l’allongement de la durée de cotisation. Le régime de carrière longue est prévu si vous avez travaillé quatre ou cinq trimestres avant 20 ans. Les projections de retraite sont à 64 ans. Je rappelle que huit Français sur dix sont opposés au report de l’âge légal de la retraite. Je n’ai jamais pensé que les sondages devaient guider l’action publique, mais il faut en tenir compte dans le contexte conflictuel actuel.
Je crois au libre choix, à la solidarité entre les générations, au contrat de départ, à travailler quarante-trois ans jusqu’à la retraite. L’âge oblige à faire payer un peu plus les travailleurs les plus précaires. Je ne veux pas être de ceux qui diront qu’il y a, dans ce pays, des salariés qui partiront en forme à 65 ans et d’autres qui seront relégués aux mesures de solidarité à partir de 60 ou 62 ans, parce qu’ils seront cassés.
BR : Au Sénat, nous proposons de faire les deux : repousser l’âge à 64 ans et accélérer la réforme Touraine. Il faut les deux pour équilibrer. La Caisse nationale d’assurance vieillesse a comparé deux hypothèses, celle d’un départ à 65 ans et une autre sans âge, mais avec quarante-cinq rentes. Dans ce dernier cas, les gens ont tendance à partir avant, sans avoir rempli toutes leurs rentes, et ils perçoivent donc une pension beaucoup plus faible.
Séniors au travail
KG: Un patron d’une grande entreprise aéronautique m’a dit qu’en élevant l’âge de la retraite, au lieu de faire partir les gens à 59 ans, on les fera partir à 60 ans. C’est de l’hypocrisie : gardez-les ! 40% des personnes qui partent à la retraite n’ont plus d’emploi : elles sont en invalidité ou au chômage sans accompagnement par un projet d’entreprise, des minima sociaux, en l’absence d’autres droits, etc.
J’en ai marre des entreprises qui disent qu’il faut aller jusqu’à 65 ans et séparent avant cela en faisant payer des indemnités par les régimes de sécurité sociale ou, pour d’autres, par les fonds propres de l’entreprise. compagnie. Il faut gérer la question des retraites autrement qu’au couperet. Aujourd’hui, nous nous retirons le vendredi soir, travaillant dur jusqu’à la dernière minute, éteignant la lumière et partant. Cela devrait être plus progressif.
Il faut traiter le sujet du travail en amont. L’emploi des seniors est aussi une source de financement. Le taux d’emploi des 55-64 ans s’élève à près de 77% en Suède, contre 56% en France, ce qui est problématique. Nous plaidons pour demander aux sujets et que le gouvernement prenne ses responsabilités.
BR : On ne peut pas envisager une retraite totalement à la carte. Il faut des règles sur la durée des cotisations, des règles sur l’âge légal de départ. Ensuite, nous traitons. Il vaut mieux, sur la base de règles collectives, traiter les questions de transition professionnelle, les carrières longues, la pénibilité, les cas où le travail devient lourd et où l’on ne peut pas faire durer les gens trop longtemps.
La méthode
KG: Dans un pays plus ou moins mûr démocratiquement, on pourrait débattre de ce que serait le nouveau pacte social sur l’emploi, les retraites, le travail, la protection sociale, dans un texte qui engloberait tout. Là, on a déjà commencé la vente en coupant. Le sujet de travail, on ne sait pas bien le comprendre, alors on le laisse. Il y a des propositions qui ne sont pas toutes législatives. Nous plaidons pour cela : discutons de l’emploi, du travail et des retraites dans un texte compréhensif, début 2023.
BR : Le gouvernement utilisera le vecteur d’un projet de loi de financement rectificatif de la sécurité sociale [PLFRSS], car il peut utiliser autant de 49.3 qu’il le souhaite sur le reste des textes budgétaires. Mais nous ne pouvons inclure que des sujets qui affectent les finances de la Sécurité sociale. Donc les mesures qui touchent au code du travail dont on parle actuellement feraient plutôt l’objet d’une loi ad hoc. Si le gouvernement utilise le [PLFRSS]ce n’est pas parce qu’il est le meilleur vecteur d’une réforme globale des retraites, c’est à cause de la situation de l’Assemblée nationale et du fait qu’elle n’a pas sa majorité.
Risque social
BR : Le gouvernement Macron fait ce que tant de gouvernements en France ont fait : il réduit la politique à une simple question de coûts sociaux. Nous avons maintenant la dépense public le plus fort du monde. Sommes-nous mieux éduqués pour autant ? Sommes-nous mieux soignés, plus en sécurité ? Il faut du courage pour réformer l’hôpital, la santé, l’école, pour avoir une nouvelle politique pénale, mais c’est ce courage que nous n’avons pas. Du coup, la tentation est grande de dire : « Mon butin sera la réforme des retraites. »
KG: Ce qui peut arriver en janvier 2023, c’est une forme de révolte de ces fameux travailleurs de deuxième ligne, si utiles pendant la crise sanitaire, qui auront le sentiment qu’ils vont se faire marcher dessus. Si le projet passe par deux textes différents, avec, d’un côté, des mesures paramétriques dures, notamment sur l’âge de départ et de l’autre des promesses sur la pénibilité, pas un membre CFDT ne croira à la fidélité de cet engagement. Je crains bien des sécessions.
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