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Les années 2020 ouvriront-elles l’ère du travail solitaire ? Conséquence de la crise sanitaire qui, comme le long Covid, ne se révélera que progressivement. Le télétravail généralisé depuis deux ans, puis la montée des organisations de travail hybrides ont donné à l’individu une place centrale dans la relation de travail. Avec des avantages évidents, notamment pour améliorer l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, mais révélant rapidement un profond malaise chez les salariés : un sentiment d’isolement, voire de solitude. Le Baromètre Paris WorkPlace sur le retour au bureau en 2021 précise que 34% des jeunes salariés travaillant dans un bureau en Ile-de-France déclarent se sentir » souvent « isolé.
Une lame de fond confirmée par la sociologue Danièle Linhart (L’insupportable subordination des salariésEres, 2021): « Si l’individualisme irrigue toute la société (…)le monde du travail, jusque-là caractérisé par les rapports de force et les conflits d’intérêts collectifs, s’y engouffre de façon spectaculaire »elle a écrit.
L’individualisation a d’abord été vécue comme un atout. Elle consistait à redonner aux salariés une part d’autonomie qui n’avait cessé de décliner depuis la fin des années 1990 : c’était une liberté retrouvée. « Être indépendant est gratifiant, on se sent libre. Dans notre organisation, chaque fonction correspond à une personne qui a l’entière responsabilité d’un portefeuille, témoigne un jeune salarié d’une association écologiste, sous couvert d’anonymat. Mais quand tout repose sur un seul employé, l’enjeu est de taille. Nous nous sentons seuls. La question de la réorganisation est récurrente dans notre association, car les salariés souhaitent être mieux accompagnés. »
Plus d’autonomie, plus de responsabilité
Tout est question d’équilibre : 34 % des salariés interrogés dans le cadre du Baromètre annuel de l’absentéisme de Malakoff Humanis attribuent les causes de leur arrêt maladie pour raison psychologique à « exigences de leur travail »commencer avec « trop grande ou trop peu d’autonomie au travail ». Sans autonomie, le salarié perd le sens de son travail. Mais le « nous devenons moi » entraîne systématiquement une pression face au risque d’échec, analyse la sociologue Sophie Le Garrec. L’autonomie acquise a un prix élevé pour le salarié, qui porte seul la responsabilité de l’échec sans avoir réellement maîtrisé les moyens pour atteindre l’objectif fixé par la hiérarchie.
Pourtant, lorsque la crise sanitaire oblige les entreprises à redonner des marges de manœuvre aux salariés en généralisant le télétravail, la jeune salariée de l’association écologiste « saisir l’opportunité de gagner en flexibilité ». Comme elle, rappelle l’Insee, un salarié sur cinq télétravaillait en moyenne chaque semaine de 2021, alors que le travail à distance coche de nombreuses cases sur la liste de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) des facteurs favorisant les risques psychosociaux. « Au départ, les salariés n’avaient vu que les avantages du télétravail, les inconvénients se sont peu à peu distillés. Quand on économise deux heures de trajet le matin et le soir, on a tendance à cacher les problèmes »explique François Cochet, président de la Fédération des acteurs des risques psychosociaux (Firps).
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