Le pouvoir exécutif n’a pas encore trouvé son équilibre. Durant l’été, après une campagne présidentielle marquée par une escalade raciste et xénophobe, Emmanuel Macron a jugé la première mouture du projet de loi sur l’immigration trop restrictive. Il n’y avait pas de mesures d’intégration. Prévu en septembre, le débat sur le texte de Gérald Darmanin a été reporté à janvier 2023 et un duo de ministres a été chargé d’incarner cette politique à deux voix : le ministre de l’Intérieur pour la fermeté, et celui du Travail, Olivier Dussopt, pour l’intégration. par l’emploi. Elles sont « très amis », insistent depuis quelques semaines leurs entourages respectifs. Toujours côte à côte en conseil des ministres, ils seraient même complices « en mode Tic et Tac »comme les fameux écureuils des studios Disney.
La scénographie « en même temps » était bien rodée. Mais le camp présidentiel a été privé de son coup d’envoi, selon les dires des conseillers ministériels. L’extrême droite et la droite ont bruyamment devancé le terrain en utilisant le meurtre de la jeune Lola à Paris, le 14 octobre, dont le principal suspect est un Algérien sans titre de séjour valable. « Il faut poser le cadre, remettre le rationnel dans l’émotionnel », exhorte un familier du palais. Depuis une quinzaine de jours, l’Elysée reçoit des analyses du service d’information du gouvernement jugées alarmantes : sur les réseaux sociaux, les sujets de discussion liés à l’immigration ne se tarissent pas.
Il était temps de « Allumez les lumières à fond », résume un conseiller du chef de l’Etat. Si la logique macronienne à deux pattes perdure, l’exécutif fait un pas dans chaque sens. Il ne s’agit plus seulement de distinguer entre l’asile, au nom de l’humanité, et l’immigration irrégulière, associée à la fermeté. Mais valoriser plus généreusement les étrangers qui travaillent, même en situation irrégulière, et cibler ceux qui présentent un danger. « Maintenant, nous devons être méchants avec les méchants et gentils avec les bons »résume Gérald Darmanin dans un entretien avec Monde.
« Tout le monde sera expulsé »
Le ministre de l’Intérieur attribue la délinquance à une partie des étrangers, selon sa rhétorique habituelle, défendue par Emmanuel Macron sur France 2 le 26 octobre. Des propos qui auraient choqué l’opinion il y a quelques années. « La politique est un temps de maturation », confie-t-on à l’Elysée, où l’on scrute les scrutins successifs. Selon l’enquête » Fractures françaises », réalisée par Ipsos-Sopra Steria et publiée en octobre, plus de 60 % des répondants trouvent que « ne se sent plus chez lui comme avant » et qu’il y a trop d’étrangers en France.
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