Le gouvernement monte en puissance. Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a demandé, jeudi 22 décembre, aux agents de la SNCF « qui ont annoncé vouloir faire grève » ce week-end à partir de là « renoncer » et D’« entendre la demande légitime des Français de pouvoir retrouver leur famille dans de bonnes conditions ». « L’ensemble du gouvernement est pleinement mobilisé »a-t-il ajouté à la sortie du Conseil des ministres, rappelant « Seules les augmentations de salaire [importa]nts ont déjà été annoncés ».
Plus tôt, exprimant son « en colère contre les clients privés de vacances de Noël »le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a exigé, sur Sud Radio, de la direction de la SNCF qu’elle résolve « dans les prochaines heures » la grève des contrôleurs qui a entraîné l’annulation de nombreux TGV pendant le week-end de Noël, les 23, 24 et 25 décembre :
« Ce qu’on attend de la direction de la SNCF aujourd’hui, c’est qu’elle trouve une solution dans les prochaines heures, je veux dire dans les prochaines heures. C’est la responsabilité de la direction de la SNCF, elle a le soutien de l’Etat, elle doit trouver les voies et moyens pour sortir de ce conflit. »
D’autres ministres se sont relayés dans les médias tôt ce matin, fustigeant cette grève, et appelant à » la responsabilité » grévistes. « Ce n’est pas digne » et cela « porte atteinte au droit de grève »protestait sur France 2 le ministre de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu :
« Je pense que décider de faire grève les 24 et 25 décembre porte atteinte au droit de grève. Après les années que nous avons connues, il y a ce besoin de se retrouver. (…) 200 000 Français qui ne pourront pas prendre leur train pour passer Noël avec leurs proches, ce n’est pas digne. »
« Vous avez une responsabilité »
« Travailler à la SNCF, ce n’est pas travailler n’importe où. Vous avez une responsabilité » vis-à-vis du public, a souligné le ministre, précisant que le président de la SNCF « annoncera de nouvelles initiatives dans la matinée » sans donner plus de détails. Et regret :
« C’est une situation perdant-perdant pour tout le monde. On a en même temps des Français qui vont être privés de trains, un mouvement qui n’est pas bon pour l’image de l’entreprise, mais qui n’est pas bon non plus pour les grévistes ni pour les revendications qu’ils portent. . »
Alors que deux TGV sur cinq devraient être annulés ce week-end, selon les prévisions de la SNCF, le ministre estime que la question, « c’est maintenant pour s’assurer qu’on ne se retrouve pas avec le même scénario la semaine prochaine » pour le week-end du nouvel an.
Le mouvement de grève a été lancé par un collectif de contrôleurs en dehors de tout cadre syndical. Ce collectif s’est appuyé sur les syndicats pour porter ses revendications et déposer des préavis mais n’a pas réussi à s’entendre avec la direction. Les syndicats ont alors maintenu leur préavis – à l’exception de l’Union nationale des syndicats autonomes des chemins de fer – sans appeler à la grève.
Une grève évaluée à « cent millions d’euros »
Le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, a pour sa part affirmé sur franceinfo que la grève des contrôleurs SNCF coûterait « probablement une centaine de millions d’euros à l’entreprise » public, appelant à la reprise des discussions.
« Heureusement, il y a des dizaines de milliers de cheminots (…) qui voient que c’est mauvais pour l’entreprise. Cela coûtera probablement cent millions d’euros à l’entreprise, nous n’en avons pas besoin pour le moment et donc tout le monde doit reprendre cette discussion. »
M. Beaune a cependant écarté l’idée d’une éventuelle réquisition du personnel de la SNCF. « Il ne faut pas vendre des illusions »les réquisitions étant « encadré légalement et même constitutionnellement »il a dit. « Le seul moyen de ne pas pénaliser les Français (…) c’est le dialogue social »il a insisté.
M. Farandou espère un accord pour le week-end du Nouvel An
Depuis novembre, la SNCF peine à établir le dialogue avec le collectif des contrôleurs à l’origine de ce mouvement social. Ils réclament une meilleure reconnaissance de la spécificité de leur profession et refusent toute prise de contact avec les syndicats, même s’ils devaient s’en remettre à ces derniers pour déposer des préavis.
La direction a déjà proposé d’augmenter la « prime de travail » des capitaines (nom officiel des contrôleurs) de 600 euros par an, dont une partie est intégrée au salaire en 2024, ainsi qu’une indemnité complémentaire de 600 euros bruts par an. Des propositions jugées insuffisantes par les grévistes.
De son côté, le président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, a également appelé à « la responsabilité des commandants de bord TGV » afin qu’ils ne maintiennent pas leur mouvement de grève le week-end du Nouvel An. « Pour ce week-end, il est malheureusement trop tard (…) mais il n’y a aucune raison de punir les Français deux fois »il a insisté sur RTL, évoquant le dernier week-end de l’année.
« Je ne comprends pas cette grève. Il n’y a pas d’appel à la grève d’aucun syndicat.a-t-il ajouté en précisant qu’il les recevrait vendredi pour tenter de trouver une sortie de crise. « J’ai plus de 40 ans de maison, j’ai vu des grèves, mais je n’en ai pas vu beaucoup le jour de départs comme ça »a conclu le patron du groupe public : « C’est quand même très unique. » Enfin, il a rappelé l’offre d’un bon équivalent au double du prix du billet pour chaque voyageur dont le train a été annulé, un « première » en France.