Dans la métallurgie, les partenaires sociaux viennent de mener à bien une fusion hors du commun : celle des règles applicables aux 1,6 million de travailleurs du secteur. Une nouvelle convention collective a été paraphée, lundi 7 février, par trois des quatre fédérations syndicales représentatives dans la branche (CFDT, CFE-CGC, FO) et par l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), qui ont défendu les intérêts des employeurs. Issu d’âpres négociations engagées en 2016, le texte pose un « communauté sociale » de dispositions en vue de « préparateur » les 42 000 entreprises concernées aux « défis » d’aujourd’hui – qu’il s’agisse de la décarbonation du modèle productif, de la concurrence internationale accumulée ou des pénuries de main-d’œuvre.
Les signataires de l’accord ont accompli une tâche herculéenne. Jusqu’à maintenant, la métallurgie était couverte par 76 conventions collectives territoriales, suite auxquelles s’ajouteraient une convention propre à la sidérurgie et une autre, de portée nationale, pour les ingénieurs et cadres. Soit quelque 7 000 pages qui s’étaient sédimentées depuis les années 1970, formant un mille-feuille aussi copieux qu’illisible. un tél « empilement » ne correspondait plus aux « attentions » des dirigeants de société ni à celles des salariés, et devenait même source d’« insécurité juridique »comme l’a expliqué Eric Trappier, le président de l’UIMM, lors d’une cérémonie qui s’est tenue, lundi, au siège de son organisation, à Paris. « Il était urgent de revisiter nos normes »un renchéri Gabriel Artero (CFE-CGC).
Les parties en présence se sont donc mises autour d’une table, il y a six ans, passant au tamis des centaines de règles sur de multiples thèmes : temps de travail, éléments de rémunération, protection sociale – notamment en matière de prévoyance –, etc. . « Ce ne fut pas un long fleuve tranquille », a admis, lundi, Hubert Mongon, le délégué général de l’UIMM. Sur plusieurs sujets, tels que les « primes d’ancienneté » ous « la reconnaissance des diplômes », les protagonistes ont longtemps croisé le fer, au dire de Frédéric Homez (FO). Neanmoins, « chacun a su faire un pas vers l’autre »complété par Stéphane Destugues (CFDT).
« Dialogue social vertueux »
Au bout du processus, le texte, qui compte un peu plus de 230 pages, harmonise le corpus de règles existantes et s’appliquera à tous les travailleurs de la métallurgie à partir de début 2024. D’après la CFDT, il contient de réelles avancées : amélioration de la « rémunération minimale garantie » pour plus des trois quarts des personnes employées dans la branche, maintien à 100 % de la paie pour les individus en arrêt maladie (et ce, jusqu’à six mois), couverture des risques incapacité, invalidité et décès pour toutes les catégories de personnels … Les classifications des postes ont par ailleurs été entièrement rebâties afin de prendre en considération l’évolution des métiers et la diversité des compétences.
Présente lors de la cérémonie à l’UIMM, la ministre du travail, Elisabeth Borne, a considéré, lundi, l’accord trouvé, y voyant la démonstration d’un « dialogue social vertueux » susceptible de « servir d’exemple à d’autres secteurs ». L’exercice n’est toutefois pas complètement terminé : des pourparlers doivent se poursuivre à l’échelon territorial pour régler des points qui n’ont pas été retenus par la convention nationale.
Dans un communiqué, la fédération CGT de la métallurgie a, une fois de plus, exprimée, lundi, son hostilité au nouveau « dispositif conventionnel »qui n’est qu’une « boîte à outils au profit des employeurs pour améliorer la compétitivité financière des entreprises ».