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Deux ans et demi après avoir été sanctionné par sa hiérarchie, un inspecteur du travail vient d’obtenir une indemnisation en justice. Le tribunal administratif de Nancy a annulé, jeudi 20 octobre, la décision de « déplacement d’office » qui avait été prise en 2020 à l’encontre d’Anthony Smith. Les magistrats ont estimé que la mesure était « disproportionné par rapport à la gravité des fautes commises ». Le jugement intervient dans un conflit qui avait fait grand bruit au ministère du Travail et déclenché une intense campagne de mobilisation en faveur du fonctionnaire.
Dans l’administration où il travaille, Anthony Smith est un personnage bien connu. Pendant plusieurs années, il a été responsable du syndicat CGT-Travail-emploi-formation professionnelle. Les faits qui lui sont reprochés remontent au début de la crise sanitaire. Ses supérieurs l’ont alors accusé d’avoir « a délibérément, sérieusement et à plusieurs reprises ignoré les instructions » qui avait été remis aux inspecteurs du travail pendant l’épidémie de Covid-19.
L’un des principaux griefs portait sur la manière dont il était intervenu auprès d’Aradopa, une importante association d’aide à domicile basée à Reims (Marne) – la ville où M. Smith était en poste à l’époque. L’agent de contrôle s’était manifesté à plusieurs reprises auprès de la direction de cette structure pour protéger ses salariés contre le risque d’infection par le coronavirus. Il a notamment exigé que les salariés reçoivent des masques de protection. « type FFP2 ou FFP3 »ce qui était considéré comme contraire à « la doctrine sanitaire nationale »car ces équipements étaient réservés aux soignants et ne se justifiaient pas pour le personnel d’Aradopa.
forte émotion
Mi-avril 2020, la Direction générale du travail (DGT) avait suspendu M. Smith en faisant connaître sa décision par un communiqué très dur : le « Actions » de ce fonctionnaire « nuire à l’action du système d’inspection du travail, à son efficacité et à l’esprit qui doit l’animer en cette période de crise », argumenta-t-elle. Une procédure disciplinaire avait été engagée, aboutissant, en août de la même année, à une mutation automatique en Seine-et-Marne, à quelque 200 kilomètres du domicile de M. Smith.
L’affaire avait créé une forte émotion. Cinq syndicats du ministère du Travail (CGT, CNT, FO, FSU, SUD) avaient dénoncé une « acte de répression insensé » à l’égard d’un agent coupable de ne pas avoir « ne fait que son devoir ». Un comité de soutien avait été mis en place, sous la houlette de Thomas Portes, aujourd’hui député La France insoumise (LFI) de Seine-Saint-Denis. De nombreuses personnalités d’horizons divers ont exprimé leur solidarité : Jean-Luc Mélenchon, le dirigeant de LFI ; Philippe Martinez, le leader de la CGT, ainsi qu’un de ses prédécesseurs, Bernard Thibault ; le cinéaste Jean-Louis Comolli ; l’athlète Yohann Diniz…
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