C’était une promesse faite par Ursula von der Leyen lors de son discours sur l’état de l’Union européenne (UE) en septembre 2021 : doter le Vieux Continent d’un outil efficace pour bannir tout produit issu du travail forcé. . Mercredi 14 septembre, la présidente de la Commission européenne devrait dévoiler ce projet de texte lors de son nouveau discours sur l’état de l’Union. Et ce deux jours après la publication par l’Organisation internationale du travail de chiffres alarmants sur le travail forcé.
En 2021, quelque 27,6 millions de personnes étaient en situation d’esclavage moderne, soit une augmentation de 2,7 millions sur cinq ans dans tous les pays, y compris l’Europe. Après avoir présenté en février son projet de directive sur le devoir de vigilance des entreprises pour les obliger à lutter notamment contre ce fléau, la Commission dévoile donc un règlement permettant aux États membres de l’UE d’éradiquer, sinon le travail forcé, au moins les produits résultant ou partiellement résultant du travail forcé.
« Tous les produits sont concernés, qu’ils soient entièrement fabriqués par des esclaves modernes ou que l’un de ses composants le soit », assure la Commission. Alors que les États-Unis ont décidé d’interdire, par une loi entrée en vigueur en juin, l’importation de certains produits (coton, tomates, composants de panneaux solaires, etc.) en provenance de la région chinoise du Xinjiang, où, selon les Nations unies , les Ouïghours sont soumis au travail forcé, l’Europe n’entend pas cibler une zone géographique spécifique ou des entreprises ou des produits spécifiques.
Mécanisme en deux étapes
Et ce alors que les géants du textile (Zara, Nike, etc.), de l’électronique (Apple) ou de l’automobile (Volkswagen) ont été pointés du doigt ces dernières années pour avoir fait appel à des fournisseurs qui s’appuyaient sur le travail forcé des Ouïghours. « Nos règles sont non discriminatoiresse souvient un haut fonctionnaire européen. Il a été conçu pour être compatible avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce. »
Surtout, l’UE ne veut pas ouvrir une nouvelle guerre commerciale avec la Chine et tente de maintenir des relations pacifiques avec le géant asiatique. Au Parlement européen, qui devra se prononcer avec le Conseil sur le texte, le règlement est bien accueilli. » Pour terminer !, salue Raphaël Glucksmann, député européen (Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates) à la pointe du combat pour les Ouïghours. Nous l’attendons depuis deux ans et demi. Pendant longtemps, la Commission nous a dit que c’était impossible. Là, on a un projet. »
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