C’est un nœud logistique. Coincée entre la Seine et l’autoroute A86, au nord-est de Paris, la plateforme Geodis de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) est un site stratégique pour ce secteur en plein essor. Jour et nuit, avec un flux constant, des camions arrivent et repartent chargés de colis. Grâce aux hommes qui les déchargent et les rechargent, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Au SMIC (1 329,05 euros net mensuel, 1 678,95 euros brut) ou une centaine d’euros de plus, après parfois plus de quinze ans à ces postes, 87 d’entre eux se sont mis en grève le lundi 17 octobre, pour demander des augmentations de salaire, c’est-à-dire selon la CGT, 90% des caristes et manutentionnaires.
On les retrouve devant le chantier, mardi soir 25 octobre, vêtus d’un gilet fluo floqué au logo Geodis, leur tenue de travail. Sur la poitrine, un code barre similaire à celui des colis qu’ils manipulent toute la journée. « C’est pour le score », explique Nasser, 55 ans (tous les prénoms ont été changés).
« Notre entreprise génère tellement de profits »
Il libère ses mains pour mieux expliquer son travail. Faire semblant de conduire un transpalette. « Quand le camion est à quai, je rentre pour le décharger. Ici, on réceptionne tout : animaux vivants, matières dangereuses… Quand je trie, je place les colis à la main sur le tapis mécanique, il détaille. Il faut toujours aller plus vite. Nous n’avons pas le temps de souffler. »
Car la plateforme est « express ». A partir du moment où la semi-remorque est positionnée devant le quai, le colis doit être traité en une heure maximum, pour repartir dans un autre camion, car pas plus de douze heures ne doivent s’écouler entre la commande et la livraison., dit Mouloud Sahraoui, délégué syndical CGT. « C’est une activité avec beaucoup de pression, des accidents du travail, des troubles musculo-squelettiques il ajoute. Alors, aujourd’hui, on demande notre dû ! »
Les grévistes réclament une augmentation de 150 euros bruts pour tous, 100 euros pour les plus bas salaires et une prime de 1 000 euros en décembre. « Notre entreprise génère tellement de profits : nous demandons juste qu’ils partagent avec ceux qui font le sale boulot ! »
Filiale de la SNCF, Geodis est le champion français et l’un des leaders mondiaux du transport et de la logistique. Début 2022, la société a communiqué sur son « des performances record » en 2021, mettant en avant son chiffre d’affaires de 10,9 milliards d’euros, en hausse de 33% par rapport à 2019, comme son ebitda (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation ou amortissement), à 948 millions d’euros, ou son « très forte génération de cash-flow libre », c’est-à-dire la trésorerie disponible. En septembre, dans une interview avec LaTribune.frMarie-Christine Lombard, présidente du directoire du groupe, s’est tout de même réjouie de la progression du chiffre d’affaires et des résultats et s’est montrée confiante pour 2023.
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