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Si la perspective de la fin de la guerre semble encore lointaine, la mobilisation pour la reconstruction de l’Ukraine a déjà commencé. Une soixantaine de délégations gouvernementales, un millier de participants au total, en ont débattu le 4 juillet à Lugano (Suisse). L’ampleur des travaux s’annonce considérable, tant les dégâts matériels et humains sont majeurs, avec les cortèges de blessés au combat et lors des bombardements aveugles sur le pays, et les centaines de milliers de réfugiés.
L’expérience du programme du Conseil national de la Résistance, après la Seconde Guerre mondiale, peut laisser penser en France que cette reconstruction sera l’occasion d’un nouveau contrat social progressiste. Cependant, le gouvernement ukrainien semble vouloir adopter une ligne complètement différente.
Le principal conseiller économique du président ukrainien est un brillant économiste, professeur à l’université de Cambridge, Alexander Rodnyansky, fils du fondateur de la chaîne qui a fait connaître l’humoriste Zelensky au grand public. Dans une interview à Gardien en octobre, il ne cache pas que l’Ukraine doit devenir attractive à travers un vaste programme de privatisations et une refonte du droit du travail. Les documents circulant lors de la conférence de Lugano plaident pour une plus grande souplesse dans ce droit. Le graphique illustratif des « blocages » pour l’emploi est sans ambiguïté : le nombre de semaines de préavis de licenciement en Ukraine est de neuf contre quatre semaines en Pologne et en Corée du Sud. Le « projet » de plan de reconstruction cite comme contrainte institutionnelle à une « marché du travail moderne » la « position de résistance syndicale ».
La société civile doit aussi pouvoir s’exprimer
Le programme de réforme est déjà en cours. Si, dès le début de la guerre, la loi martiale a suspendu des pans entiers du droit du travail, les nouvelles lois sont destinées à perdurer au-delà du conflit. Une première a introduit le contrat « zéro heure » similaire au modèle britannique (contrat de travail sans garantie du nombre d’heures rémunérées). Une seconde, votée en juillet, exonère les salariés des entreprises de moins de 250 salariés (70 % de l’emploi salarié) du champ d’application des conventions collectives. Les secrétaires généraux des Confédérations syndicales internationale et européenne ont dénoncé, dans une lettre d’une rare fermeté, adressée à la Commission et au Conseil européen, une loi « antisocial », « mené par des oligarques derrière le parti au pouvoir, qui ne se soucient pas des intérêts du peuple ». Très engagées contre la guerre en Ukraine, ces confédérations ne sont guère soupçonnées de complaisance avec la Russie. Difficile aussi d’en faire un antre du conservatisme syndical : la Confédération européenne est présidée par Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.
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