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tun monde du travail ébranlé. Le Covid, l’essor du télétravail et la prise de conscience des enjeux environnementaux et sociaux ont profondément modifié l’organisation des entreprises et les formes d’emploi ces dernières années. Peut-on alors parler de révolution ouvrière en France ?
Cet article est extrait de « Hors-série Le Monde : 40 cartes pour comprendre comment va la France » 2023. Ce hors-série est en vente en kiosque ou sur Internet en visitant notre site boutique.
La vie professionnelle post-2020 a pris mille visages. Noémie -Burgard (45 ans) a passé ces vingt dernières années à changer son activité et sa façon de travailler : employée dans le secteur privé dans un cabinet de recrutement, elle a repris ses études pour devenir sage-femme, son métier et sa passion pour la fonction publique qui elle a dû s’abandonner à l’épreuve des conditions de travail. En recherche constante d’utilité sociale et du meilleur équilibre entre sa vie familiale et sa mission professionnelle, elle a finalement créé sa propre entreprise et investi son travail indépendant dans une activité de coaching sportif. Mais elle n’exclut pas de se reconvertir.
En revanche, pour Jean-Michel Casalonga, les choses ont moins évolué. Maître bottier, employé chez Berluti depuis vingt ans, il estime avoir acquis le geste sécuritaire dans son travail de dernier maker. Et la place de sa profession sur le marché du travail est aussi stable que lui. Son métier a toujours été, par sa rareté, l’un de ceux « des métiers en tension » dont on parle souvent aujourd’hui dans le secteur high-tech des développeurs.
Enfin, Mathilde Le Coz, DRH France chez Mazars, appartient au nouveau monde des slashers : salariée du cabinet de conseil/(slash) présidente du HR Lab en auto-emploi à 10% de son temps, elle cumule les activités.
travail au clair de lune
La diversité des travaux en 2023 semble devenue infinie, tant dans le fond que dans la forme. La carrière peut désormais être constituée d’une multiplicité d’activités qui se succèdent ou qui se développent en parallèle. La pluriactivité est devenue monnaie courante. La fragmentation du travail en mode slasher (assistante maternelle/illustratrice ; webmarketeur salarié/coach digital ; etc.) concernait déjà près de 6 millions de travailleurs en 2022.
A ces activités générées au clair de lune (en dehors des heures de travail salarié), le « entreprises au clair de lune »comme disent les Américains, s’ajoutent ceux produits par la fragmentation maximale du temps de » atomisé du travail », les 320 000 infâmes microtravailleurs renommés » essayons le numérique » : 266 000 travailleurs occasionnels, et 52 000 dont il s’agit de l’activité principale, selon les chiffres produits par les trois chercheurs Clément Le Ludec (MSH Paris-Saclay), Paola Tubaro (CNRS/LRI) et Antonio A. Casilli (Télécom ParisTech). A moins d’un million, ces microtravailleurs, dont les tâches fragmentées et standardisées sont généralement payées à la pièce, sont cependant » plus nombreux que les chauffeurs VTC et les livreurs à vélo »souligne Pôle emploi.
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