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« C’est une journée terrible, on a l’impression que le rêve d’une chaîne européenne est définitivement brisé », confie Charles (nom d’emprunt), jeudi 2 mars, devant le siège d’Euronews, à Lyon, alors que la direction de la chaîne européenne vient d’annoncer 198 licenciements, lors d’un conseil social et économique (CSE) extraordinaire. Le journaliste quadragénaire préfère ne pas donner son nom, compte tenu du contexte social.
« L’esprit de cette maison était de réunir des journalistes de toutes nationalités dans un même lieu, afin qu’ils puissent se croiser les yeux. Tout cela est démonté. Humainement, c’est extrêmement dur », poursuit Charles, le visage balafré, persuadé qu’il vit « la fin de quinze ans de travail passionné ». Dans le hall et les couloirs des six étages de l’immeuble en bord de Saône, les mines sont débordées.
Les salariés ont connu trois plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) en six ans, dans cette entreprise aux trente nationalités. Les mesures de celui-ci sont inédites. Il s’agit de supprimer près de la moitié des effectifs, actuellement constitués de 478 salariés.
Une version européenne de CNN
Selon un communiqué interne de la section locale du Syndicat national des journalistes (SNJ), cette suppression « une masse de messages » est accompagné d’un « redéploiement des équipes de journalistes », « dans les six mois ». La direction prévoit d’ouvrir une rédaction centrale à Bruxelles, ainsi que six bureaux à Rome, Berlin, Lisbonne, Madrid et Londres, le principe étant de renvoyer les journalistes dans leur pays d’origine.
Les journalistes de nationalité française resteraient à Lyon. Mais aussi des Russes, des Iraniens et des Turcs, à cause des dangers d’exercer leur métier dans leur pays. Cela représenterait un effectif de 142 personnes maintenu à Lyon. « Le démantèlement de notre chaîne à Lyon est désormais quasi total », estime le SNJ.
La vente du célèbre immeuble à la façade métallique vert pomme ne fait plus aucun doute. Un mandat de vente a été activé en début d’année pour commercialiser les 10 000 m² du site. Un coup dur pour la ville de Lyon, car l’implantation du siège d’Euronews symbolisait la reconversion du quartier futuriste de Confluence, dans le sud de l’agglomération. Créée en 1993 à Ecully, à l’ouest de Lyon, la chaîne s’était installée dans ce nouveau siège, se voulant une version européenne de CNN. Le plan annoncé aujourd’hui prévoit l’externalisation de plusieurs services, tels que la gestion finale, la production de magazines ou le service de planification.
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