Qui connait le cobol ? De moins en moins d’informaticiens, apparemment… Le coboliste est une espèce en voie de disparition : les développeurs maîtrisant ce code informatique prennent peu à peu leur retraite. Pourtant, derrière un retrait d’espèces à un distributeur automatique, une réservation de vol d’avion, une déclaration de sinistre ou l’impression d’un reçu dans les supermarchés, un programme écrit en cobol tourne en continu.
Pour assurer la maintenance des logiciels, banques et assurances se disputent les services de codeurs encore capables d’interpréter le précieux langage. « Si vous en avez un sous le coude qui cherche du travail, faites-le nous savoir ! »glisse, sous couvert d’anonymat, un cadre informatique d’une grande banque française, sans qu’il soit possible de distinguer s’il s’agit d’une blague ou d’une véritable offre d’emploi.
Créé en 1959, le langage COmmon Business Oriented Language a été inventé pour simplifier l’interconnectivité entre les ordinateurs de plusieurs fabricants d’ordinateurs. Adopté par le Pentagone, ce langage s’est répandu peu à peu dans les entreprises américaines, avant de conquérir les banques et assurances européennes dans les années 1960, rassurées par sa fiabilité.
téléphone à cadran
Soixante-quatre ans plus tard, un rapide coup d’œil sur les sites de recrutement révèle une véritable chasse au développeur cobol. La Banque postale, le groupe Covéa, regroupant notamment les enseignes MAAF, MMA et GMF, ou encore la BPCE inondent la Toile d’offres d’emploi mentionnant dès le titre l’indispensable maîtrise du fameux code. « Je continue à recevoir des offres d’emploi »explique Thierry Longer, développeur cobol à la retraite depuis deux ans.
Comme des milliers d’informaticiens du XXe siècle, ce baby-boomer a été formé dans cette langue pendant ses études. « C’était le seul code qu’on nous apprenait puisque c’était le seul utilisé », se souvient-il. Depuis quinze ans, aucune université française ne l’enseigne encore à ses étudiants. « Mais nous leur apprenons à apprendre, nous justifions au secrétariat d’un IUT parisien. C’est un code simple à utiliser. »
Simple en apparence, mais complexe à maîtriser pleinement. D’autant plus que parler de cobol à un jeune développeur, c’est comme montrer un téléphone à cadran à un ado avec un smartphone. Au mieux, il sourira ; le plus souvent, il vous regardera avec de grands yeux émerveillés.
Les nouvelles générations de codeurs préfèrent se tourner vers des langages plus populaires tels que JavaScript ou Python. « Cobol n’est pas sexy », avoue Cyril Coquilleau, formateur cobol depuis six ans. Lettres rouges et vertes sur fond noir, « on a l’impression de coder sur Minitel », il ajoute. Désuet, le langage est réputé par les jeunes développeurs en Complètement obsolète Langage axé sur les affaires (« Langage commercial complètement obsolète »).
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