Une période particulièrement difficile pour la maison d’édition Actes Sud. A quelques jours du décès brutal de Jean-Paul Capitani, co-fondateur d’Actes Sud et époux de Françoise Nyssen, l’ancienne patronne et ex-ministre de la culture, lors d’un accident de vélo le 4 avril à Arles (Bouches-du-Rhône ), un plan de sauvegarde de l’emploi, qui devrait concerner une trentaine de postes, avait été annoncé aux salariés de l’entreprise, selon La lettre a Et Livres hebdomadaires.
Le personnel a été informé de cette décision lors d’une réunion le 23 mars, mais ignore encore les postes, métiers et sites (Arles ou Paris) les plus concernés. Actes Sud, qui a remporté cinq prix Goncourt (Nicolas Mathieu pour Leurs enfants après eux en 2018, Eric Vuillard pour Ordre du jour en 2017, Mathias Enard pour Boussole en 2015, Jérôme Ferrari pour Le Sermon sur la chute de Rome en 2012, et Laurent Gaudé pour Le Soleil des Scortas en 2004), n’a pas réussi de ventes spectaculaires en littérature depuis deux ans – hormis Connemarapar Nicolas Mathieu, publié en février 2022.
La maison souffre, comme toute édition, de l’inflation du prix du papier. C’est en raison des difficultés économiques auxquelles le groupe est confronté que la direction a décidé de se séparer d’une partie de son personnel.
« Un problème de renouvellement d’éditeur »
Au greffe du tribunal de Tarascon (Bouches-du-Rhône), les comptes d’Actes Sud n’ont été déposés que jusqu’à fin 2021, année durant laquelle le chiffre d’affaires s’est élevé à 61,7 millions. euros et le résultat à 2,6 millions, pour un effectif de 221 salariés. Un étiage plus ou moins similaire à celui qui avait été observé depuis 2018. Comme l’ensemble du secteur, la période de la pandémie de Covid-19 avait profité à Actes Sud, le nombre d’acheteurs de livres avait été boosté, les autres loisirs étant inaccessibles (cinéma, concerts, théâtre, etc.). Mais, après cette parenthèse, le chiffre d’affaires et surtout la rentabilité d’Actes Sud se dégradent en 2022.
Cette décision intervient alors que les rênes de ce groupe indépendant sont confiées, depuis le début de l’année, à Anne-Sylvie Bameule, Julie Gautier et Pauline Capitani, les trois filles de Jean-Paul Capitani et Françoise Nyssen, qui restent au conseil.
La nouvelle équipe, qui symbolise la relève générationnelle, espérait pouvoir éviter à court terme des mesures aussi drastiques. Récemment, une petite filiale, la maison d’édition Inculte, cofondée par Jérôme Dayre et jugée trop peu rentable, a été fermée pour être transformée en une simple collection d’Actes Sud. « La maison souffre d’un problème de renouvellement des éditeurs, et les ouvrages qui concernent le vivant, la nature, l’écologie fonctionnent désormais mieux que la littérature française et étrangère, ce qui donne l’impression d’avoir deux maisons d’éditions distinctes », assure un employé. Ce que Bertrand Py, directeur éditorial, conteste « les ventes de littérature (nouveauté et broché) ayant représenté 75% des ventes en 2022, contre 25% pour tout le reste de la production ». La littérature étrangère, à Actes Sud comme ailleurs, s’érode.
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