Ensemble, ils forment les « fonderies du Poitou », au pluriel. Un an presque jour pour jour, après la fermeture de l’usine sœur, spécialisée dans la fonte, la Fonderie d’aluminium d’Ingrandes-sur-Vienne (Vienne), près de Châtellerault, devrait à son tour être placée en liquidation judiciaire le mardi 5 juillet. Son sort a été scellé par le tribunal de commerce de Paris lors d’une audience le 21 juin. Ses 280 salariés seront licenciés, comme leurs 292 camarades, un an plus tôt.
Les deux fonderies de pièces automobiles partagent le même et unique mandant : Renault. Le constructeur les avait implantés à Vienne il y a quarante ans, pour délocaliser l’activité de son usine historique de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Jusqu’à l’arrêt de la production le 30 juin, « Alu » produisait des culasses.
« On a le sentiment d’un immense gâchis industriel et social. On aurait pu trouver une solution pour maintenir les emplois et reconvertir le site, estime Jean-Philippe Juin, délégué syndical CGT et porte-parole de l’intersyndicale CGT-CFE-CGC. On entend beaucoup parler de délocalisation et de réindustrialisation. Mais la réalité est que dans notre petite campagne, tout ferme. »
Enquête préliminaire pour abus de biens sociaux et blanchiment d’argent
La tourmente, pour les deux sites, a commencé en 2018, avec la crise du diesel. Ils sont, à leur tour, placés en redressement judiciaire, avant d’être repris en 2019 par le groupe Liberty House, l’une des sociétés de GFG Alliance, un conglomérat du magnat indo-britannique Sanjeev Gupta, au fonctionnement opaque. Avec, à l’époque, un engagement de Renault sur un volume de commandes pendant quatre ans et une promesse d’investissement du repreneur dans la diversification des sites.
Mais la promesse ne sera pas tenue. Quand, en mars 2021, Greensill, le principal partenaire financier de GFG Alliance, dépose le bilan, toutes les entreprises du groupe vacillent. A Ingrandes, les représentants du personnel ont immédiatement alerté sur la disparition d’un prêt garanti par l’Etat de 18 millions d’euros, accordé à la fonderie Alu un mois plus tôt. L’argent, versé par Greensill, n’a transité que quarante-huit heures sur le compte de la Société Générale des Fonderies, avant de retourner en Allemagne. L’enquête préliminaire pour abus de biens sociaux et blanchiment, confiée à l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), est toujours en cours. Des perquisitions ont eu lieu en avril.
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