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En bord de départementale, une fresque monumentale affiche un fringuant avion de ligne complété d’écriteaux « enregistrement », « départs », « Arrivées », en trompe l’œil. Pas de doute : nous sommes face au site Michelin de Saint-Doulchard (Cher), près de Bourges, spécialisé dans la fabrication et le rechapage de pneus d’avions.
Si le secteur militaire a permis de remplir les carnets de commandes durant ces deux dernières années marquées par la pandémie de Covid-19 et la chute du trafic aérien, c’est l’aéronautique civile qui prend désormais le relais. Signe de sa bonne santé : le site doit recruter 40 nouveaux opérateurs d’ici au mois prochain. « Du coup, la direction nous répète qu’il faut satisfaire la demande et que ce n’est pas le moment de réclamer des sous », s’emporte Frédéric Sèvre, ouvrier confiseur depuis 1997 et délégué Force ouvrière (FO). Qu’importe, mardi 8 février, avec un collègue, il distribue des tracts devant le portique principal, avant de prendre son service, de 13 heures à 21 heures.
Entre 40 et 80 des 600 salariés de Saint-Doulchard débraient régulièrement depuis quatre semaines. Des grèves brèves, d’une heure à huit heures, de nuit comme de jour, à l’impact mesuré. Face à l’inflation, ces travailleurs revendiquent une hausse minimale de salaire de 3,5 %, une prime Macron de 2 000 euros, une prime d’assiduité de 100 euros et une prime de nuit du même ordre. Une première rencontre s’est déroulée avec la direction du site, lundi 7 février.
« Une perte de la culture de la lutte »
Comme beaucoup de jeunes, Ilyes, la trentaine, est entré chez Michelin en 2019, directement en CDI, sans même passer par la case intérim. Mais sa paie dépasse à peine le smic. « Je suis à 10,65 euros de l’heure, soit 1 450 euros net par mois, en trois huit. Un mois sur deux, on reçoit des primes, enfin, en principe, pour espérer toucher 1 600, voire 1 800 euros », dit cet homme portant parka, bonnet et casque audio assortis. Les primes varient selon les objectifs de production ou d’économie de caoutchouc. « Mais il suffit qu’une machine tombe en panne, comme cela est arrivé plusieurs fois récemment, et la prime nous passe sous le nez »ajoute son collègue, qui, comme Ilyes, ne fait pas grève. « Il faut les comprendre »analyse M. Sèvre. « Pour les nouveaux, ça devient très juste dès le 15 du mois. Et puis, avec le Covid et son lot d’incertitudes, je pense qu’on assiste à une perte de la culture de la lutte… Les jeunes sont résignés. »
La dernière grosse grève, en 2015, avait pourtant porté ses fruits. « Car, à l’époque, la pyramide des âges était différente, et la mobilisation plus forte! »affirme M. Sèvre. On n’avait pas obtenu de hausse de salaire, mais une prime correcte tout de même. Ici, le problème est que notre mouvement reste local, spécifique au site de Bourges. Ou, les revalorisations salariales annuelles se fixent au siège, chaque janvier, pour les salariés des trois sites. Cette année, le gain n’a été que de 2%. »
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