« La France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi, sur l’ensemble de son territoire, de tous les citoyens » : ce n’est pas un propos de campagne électorale, mais le préambule d’un document interne d’entreprise, la première charte de laïcité créée par Paprec, en 2014.
« La laïcité, l’égalité, ce sont des combats essentiels dans lesquels l’entreprise a toute sa place. Si ca [la charte] c’est fait, c’est qu’on a eu un vrai accord des salariés, qui se sentaient accompagnés et protégés contre les tendances radicales de toute forme de prosélytisme », explique Claude Solarz. Le cofondateur de la société de recyclage estime que « L’entreprise doit être citoyenne et engagée. Elle joue un rôle primordial pour mener des combats sur de nombreux sujets sur lesquels la société a été diffusée. Nous sommes porteurs de valeurs républicaines ». La politique a, selon lui, toute sa place en entreprise.
Initialement lieu de production, d’innovation, de profit, l’entreprise est également un « acteur public » sur lequel les Français sont compétents de plus en plus pour relever les défis liés à l’intérêt général de la société.
« Des missions autres »
Ainsi, 80% des Français déclarent faire confiance aux PME pour défendre les valeurs de la République et 46% aux grandes entreprises ; 60 % souhaitaient même que ces grandes entreprises soient de plus en plus « républicaines », selon l’enquête « Le regard des Français sur la République et les principes républicains : quid d’une entreprise républicaine ? ”, faites les 9 et 10 décembre 2020 auprès de plus de 1 000 personnes par l’institut français d’opinion publique (IFOP) pour Havas Paris, et publiée au printemps 2021.
Tandis qu’ils déclaraient faire de moins en moins confiance aux institutions politiques : les partis politiques ont recueilli tout juste 25 % de confiance et les députés 40 %. « C’est une tendance lourde qu’on observe à travers les études depuis une vingtaine d’années et qui s’inscrit dans un double contexte : la conviction que les solutions efficaces ne viennent plus des pouvoirs publics et la réhabilitation des entreprises », commente Frédéric Dabi, directeur avis général de l’IFOP.
Désormais, « les Français assignent aux entreprises des missions autres que leur mission classique. L’essor des entreprises a mission [créées par la loi Pacte de 2019] et de la raison d’être dans quelques grands groupes participent de la confiance des Français dans la capacité des entreprises à répondre aux grands enjeux de la société. » Les promoteurs de la loi Pacte ont ainsi répondu à l’attente d’un rôle plus politique de l’entreprise.
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