Une des choses que l’on peut retenir de Maxime Wagner, c’est l’image de cette famille aimante, serrée sur un banc dans la salle d’audience. Il avait six sœurs et deux filles âgées de 9 et 2 ans. Le 5 avril, devant le tribunal correctionnel de Créteil, s’est tenu le procès de l’entreprise Dodin Campenon Bernard et de deux de ses salariés, après le décès de cet intérimaire de 37 ans, sur un chantier du Grand Paris Express. Le procès avait déjà été reporté à deux reprises, en raison d’une convocation tardive des parties.
L’histoire remonte au 28 février 2020. Vers 20 heures, Maxime Wagner travaillait dans le tunnelier – un énorme engin pouvant atteindre 112 mètres de long capable de creuser le sol, d’évacuer la terre et de poser les parois du tunnel – de le prolongement de la ligne 14, à Villejuif (Val-de-Marne). Alors qu’il travaillait à déboucher et nettoyer un tuyau métallique dont la dernière partie est flexible, celui-ci, à cause de la pression, est venu lui heurter violemment la tête.
Admis à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, dans le 13e arrondissement de Paris, c’est alors « inconscient et a de multiples blessures au visage ainsi qu’un grave traumatisme crânien », précise Nathalie Dell’Ominut, présidente du tribunal. A cette évocation, sa mère et sa sœur jumelle, Julie, ravalent à peine leurs larmes. Il est décédé dans la nuit du 19 au 20 mars 2020, dans le silence du premier confinement qui vient de mettre la France en attente.
Au cœur des débats : une enquête menée par l’inspection du travail en mars 2020. Elle met en lumière plusieurs manquements : des conduites qui auraient dû être attachées, un manque de formation et le non-respect du plan de sécurité et de protection de la Santé (PPSPS) , jugé « lacunaire » par l’inspection du travail, même si le « le risque de fouettement de ce type d’engin est largement reconnu », a déclaré le président. Dans la salle, les prévenus ne démentent pas et baissent la tête.
« Notre entreprise est à la pointe de la prévention »
S’il était mentionné dans le PPSPS que les ouvriers ne devaient pas se trouver à proximité de la zone où la conduite devient flexible, Maxime Wagner en était pourtant, selon le rapport de l’inspection du travail, très proche. ici et, pire encore, accroupi. « Comment est-il allé là-bas? » Une commande a-t-elle été passée ? »demande le président. Aucune réponse ne sera apportée par les prévenus qui contestent tous l’infraction qui leur est reprochée. et affirmer « ont fait leur travail ».
Le directeur juridique de la société va encore plus loin : « Je suis désolé pour les familles qui recherchent des coupables, mais nous avons fait tout ce que nous pouvions. » « Notre entreprise est à la pointe en matière de prévention », il ajoute. Le responsable juridique perd de sa superbe lorsque le président lui rappelle que l’entreprise a déjà été condamnée dans une autre affaire d’homicide involontaire, le 28 mai 2015.
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