[ad_1]
Le désir d’Emmanuel Macron et le droit de retarder l’âge de la retraite reposent, au-delà de la question du financement, sur la conviction que pour avoir une croissance économique plus forte, permettant de réduire le chômage, il faut travailler plus.
Cette conviction a un allié de poids : la théorie économique, et en particulier la microéconomie, considérée comme le noyau dur de la discipline. Celle-ci enseigne que, pour un état technologique et démographique donné, le produit intérieur brut (PIB) d’un pays dépend du degré de mobilisation de ses ressources productives, notamment du travail. C’est ce qu’on appelle la « frontière des possibilités de production ». Donc, si nous allongeons les heures de travail, nous augmentons le PIB.
Et si l’on augmente le nombre de fonctionnaires, ce seront autant de ressources de travail qui manqueront aux entreprises qui, si l’on en croit cette théorie, sont les seules à innover et véritablement créer de la richesse. D’où, depuis vingt ans, les tentatives ou décisions de remettre en cause la journée de travail de 35 heures, de taxer les heures supplémentaires pour inciter les salariés à travailler davantage, de reculer l’âge de la retraite, de cumuler emploi et retraite, limitation, voire réduction, des impôts qui laissent de nombreux services publics épuisés…
Ce raisonnement appelle quatre remarques. S’il suffisait d’allonger le temps de travail pour augmenter le PIB d’un pays, et donc sa puissance économique, tous les gouvernements l’auraient fait depuis longtemps, à commencer par les régimes dictatoriaux ! Mais nous ne trouvons rien de tout cela. Au contraire, la réduction du temps de travail est une longue histoire de revendication sociale et d’intervention publique, depuis deux siècles, commune à tous les pays développés.
Les faits contredisent la théorie
En réalité, rien n’empêche les employeurs d’allonger le temps de travail si nécessaire en recourant aux heures supplémentaires. Pour le droit du travail, ce recours est une prérogative de l’employeur, mais aussi une obligation légale : le salarié qui refuse commet une faute contractuelle passible de sanction. Ainsi, la fameuse semaine de 40 heures du Front populaire, tant décriée à l’époque, est rétablie en février 1946. Elle n’empêche cependant pas la reconstruction rapide du pays, ni l’essor exceptionnel des « trente glorieuses ». En 1965, la durée effective du travail était, tous salariés confondus, de quarante-six heures hebdomadaires, soit un dépassement de 15 % de la durée légale. Abaisser la durée légale du travail n’a rien de décroissant, si ce n’est d’interdire les heures supplémentaires.
Il vous reste 56,17% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.
[ad_2]
Source link