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Gouvernance. Durant le managérialisme des années 1950, l’idéologie dominante affirmait que la croissance économique conduit nécessairement au progrès de la société dans son ensemble. La responsabilité des entreprises était donc de prospérer économiquement et socialement. La superstructure managériale a été sollicitée pour garantir cette promesse. Le célèbre slogan « Ce qui est bon pour General Motors est bon pour l’Amérique » résume l’optimisme de l’époque.
Un optimisme fondé sur une vision partielle de la réalité. En fait, l’État a joué un rôle essentiel dans la régulation des économies grâce à d’énormes investissements publics, son pouvoir d’arbitrer les tensions sociales et de créer des opportunités géopolitiques pour mondialiser les activités nationales.
La révolution néolibérale s’est élevée à partir des années 1970 contre cette omniprésence de l’État et a prôné un retour à une liberté économique idéalisée. Pour « dépolitiser » l’économie, l’État a été remplacé par une régulation des marchés financiers, censée être « politiquement neutre » car motivée uniquement par le retour sur investissement. Cela a conduit à la financiarisation des entreprises, auxquelles on a demandé de se consacrer uniquement à la rentabilité de leurs activités. Un mot de l’économiste américain Milton Friedman (1912-2006) est devenu l’étendard de cette époque : « La seule responsabilité des entreprises est de faire du profit ».
Avec les crises financières à répétition jusqu’à celle de 2008, l’illusion que les marchés pouvaient mieux réguler l’activité économique s’est évanouie. Dans le même temps, le risque environnemental a rendu un retour au managérialisme d’antan peu crédible : qui peut encore dire que ce qui est bon pour une entreprise est forcément bon pour la planète et que les dirigeants ont la compétence pour assurer une telle relation ?
Réseau et activisme actionnarial
Nous sommes ainsi entrés dans une nouvelle phase du rapport entre l’économie et le politique : la « sociétalisation ». La « société » entend désormais agir sur les entreprises pour qu’elles intègrent dans leur création de valeur des réponses efficaces aux enjeux sociaux et environnementaux. Mais la « société » est hétérogène, et les avis des citoyens sur leurs réponses divergent parfois radicalement. De nombreuses revendications sont alors exprimées par la voix des militants.
Ceux-ci opèrent sur deux fronts. D’une part, ils font pression sur l’État, ses politiques publiques et ses lois par le jeu de l’opinion : c’est l’activisme en réseau ; et d’autre part, en tant qu’investisseurs dans le capital des entreprises, ils récupèrent le pouvoir des actionnaires d’influencer directement la gestion des entreprises : c’est l’activisme actionnarial.
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