Tribune. Tous les cinq ans, le même refrain vient rythmer l’élection présidentielle, celui de l’insécurité, bercé par une rhétorique de la peur et du rejet de l’autre. Les insécurités sociales, économiques et écologiques auxquelles la France doit aujourd’hui faire face, elles, sont reléguées au second plan. Elles fragilisent pourtant la cohésion sociale et devraient être au cœur des débats électoraux.
Cette France des laissés-pour-compter à un visage : celui des 9,3 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, celui des 3 millions d’enfants qui vivent dans des familles pauvres, des 4 millions de personnes mal logées ; celui des près de 3 millions de chômeurs de longue durée, des personnes privées d’emploi décent, des salariés précaires peu ou non qualifiés, des travailleurs indépendants, intérimaires, « ubérisés », en temps partiel contraint ; celle de ces familles qui vivent tenaillées par l’incertitude du lendemain. Seront-elles expulsées de leur lieu de vie, auront-elles de quoi manger, de quoi payer leurs factures, par viendront-elles à se soigner, à offrir un meilleur avenir à leurs enfants ?
Pour toutes celles et ceux qui vivent la grande pauvreté au quotidien, oui, il est temps de reconstruire des sécurités ! Mais cela ne peut se faire qu’en assurant à chacune et chacun l’accès effectif aux droits fondamentaux dans un environnement sain : logement digne, emploi décent, revenu convenable d’existence, école où chaque enfant apprend, droit de vivre en famille, accès à la santé, au numérique, à la justice, aux droits culturels, à l’exercice de la citoyenneté…
Personne n’est inemployable
Un logement digne et pérenne est la première sécurité qu’il faut assurer pour permettre aux personnes de se projeter dans un avenir désirable. Les solutions sont connues : construction de logements sociaux accessibles aux plus pauvres, fixation du montant des loyers des logements sociaux en fonction des revenus, ou encore accélération de la lutte contre la précarité énergétique.
L’emploi décent est au cœur de nombreuses propositions de candidats. Avec l’expérimentation « territoire zéro chômeur » de longue durée, nous avons montré que personne n’était inemployable et qu’il était possible de réorienter les coûts de la privation d’emploi vers la création d’emplois dignes, assurant une sécurité dans la durée. Cette expérimentation et d’autres actions innovantes doivent pouvoir continuer et s’élargir, pour de nouvelles ambitions à l’égard du droit à l’emploi.
Quand un jeune sur cinq vit en situation de pauvreté en France et que plus d’un million d’entre eux n’est ni en emploi ni en formation, il est également urgent de reconstruire des sécurités pour la jeunesse. Garantir des moyens d’existence dignes est le premier pas pour que les jeunes puissent construire leur avenir sereinement et montrer que la société leur fait confiance. Cela passe par l’ouverture du RSA pour les 18-24 ans et par un droit à l’accompagnement de qualité, sans limite de temps et sans conditionnalité.
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