« Quand je vivais au milieu du béton parisien, je rêvais souvent que je me promenais en montagne, comme quand j’étais petite », rappelles toi Audrey Pradines, 25 ans. Cette fille de fermier pensait que Paris était un « passage obligatoire » apprendre et gagner de l’argent, mais après seulement trois ans dans la capitale, en septembre 2021, elle est revenue s’installer dans son Pays basque natal.
En décidant de « rentrer à la maison », Audrey Pradines n’imaginait pas devoir renoncer au CDI qu’elle venait de remporter à Paris. Mais l’entreprise, où elle a travaillé en alternance pendant ses deux années de master en gestion, à l’IAE Paris-Sorbonne Business School, lui a refusé le télétravail. La jeune femme a finalement trouvé un emploi comme régisseur publicitaire dans une PME de huit salariés, située près de Biarritz. Elle est maintenant heureuse de participer au développement économique de [son] territoire « .
Comme elle, plusieurs de ses amis basques qui avaient également étudié et entamé une carrière de cadre à Paris sont revenus » plus tôt que prévu « . Non sans sacrifice. « Pour eux, cela se traduit généralement par un salaire qui passe de 3 000 à 2 000 euros par mois. Et c’est cher de rester ici”, précise la jeune cadre, qui insiste sur sa chance de gagner plus qu’à Paris. Elle réalise maintenant son rêve de faire de la randonnée en montagne tous les week-ends. « Ici, c’est le paradis. Mais il ne faut pas le dire, sinon tous les Parisiens vont venir », dit-elle en riant.
Des dirigeants, mais pas seulement
Depuis le Covid-19, Laurence Charneau, consultante en évolution professionnelle au centre Apec (Association pour l’emploi des cadres) à Nantes, observe « un courant » jeunes cadres quittant la capitale. « Auparavant, les cadres évoluaient plutôt vers les 40-50 ans, après avoir mené une carrière déjà assez longue, avec prise de responsabilités, à Paris », analyse-t-elle. Selon le sociologue Jean Viard, le mouvement d’exode parisien – qui ne concerne pas que les cadres – a déjà presque dix ans, mais l’épidémie l’a accélérée, affirme-t-il dans La révolution que nous attendions est arrivée (Éditions de l’Aube, 2021). Depuis 2012, Paris perd chaque année près de 11 000 habitants. Motivation principale au départ ? « Pouvoir bénéficier d’un meilleur cadre de vie. » C’est le souhait exprimé par 70% des cadres franciliens souhaitant changer de région, selon un sondage Apec publié en octobre 2021.
A 34 ans, Jessica Lachatre pense elle aussi avoir trouvé son paradis. Depuis un an, elle vit à Marseille, ville qu’elle a découverte par hasard. Après six ans à Paris, « uniquement pour le travail »le natif de Nantes a choisi la cité phocéenne « principalement pour la météo ». Responsable de la relation client, elle a rejoint Dendreo, une société de logiciels de gestion, dans laquelle une vingtaine de collaborateurs télétravaillent totalement, ou presque. « L’équipe se réunit tous les trois mois pendant une semaine entière quelque part, avec beaucoup de temps libre pour créer des liens. La dernière fois, c’était à Madrid.elle dit.
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