« Amazon conteste 70 % de ses accidents du travail. On demande aux victimes si elles ont fait du sport avant de venir travailler, si elles ont bien suivi les consignes… Tout est fait pour leur faire croire que c’est de leur faute », indique le secrétaire du comité social et économique (CSE) du site Amazon de Brétigny-sur-Orge et élu Force ouvrière (FO). Karine Blanc n’est pas fâchée face à ce qu’elle considère être« intimidation » responsables de l’entreprise vis-à-vis des salariés.
Dernier accident en date, le 27 octobre, un technicien intérimaire a été hospitalisé en urgence après avoir reçu un choc électrique sur le chantier d’extension du site Amazon à Brétigny-sur-Orge. « Cet homme a dû être interrogé alors qu’il était encore sous le choc.soutient Karine Blanc. Il m’a dit : « Je n’ai pas compris ce qui s’était passé ». »
Le signalement envoyé au CSE par un responsable des ressources humaines « ne correspond pas aux déclarations de la victime. Elle n’avait pas le bon EPI [équipements de protection], et était convaincu qu’il n’y avait pas d’électricité », dénonce Karine Blanc. Pour écarter toute responsabilité dans l’accident, la direction d’Amazon a également invoqué le fait que le groupe n’était pas encore propriétaire du bâtiment, future extension du site logistique. Mais en janvier 2022, un intérimaire de 63 ans décède d’un arrêt cardiaque sur le chantier.
Une forme de pression « inacceptable »
La direction a rejeté la qualification « d’accident du travail », l’accident étant survenu avant que le salarié ne commence à travailler. Un argument qui ne tient pas aux yeux de Mathieu Maréchal, responsable de la branche travail temporaire chez FO Intérim : « Il occupait l’un des postes les plus difficiles de l’entreprise ». La pression due à son travail aurait favorisé ses problèmes de santé.
Régulièrement pointé du doigt sur la pression exercée sur ses salariés, Amazon est un gros recruteur d’intérimaires : le géant de la logistique dispose de trois agences d’intérim directement implantées sur son site de Brétigny-sur-Orge. Une façon d’avoir une main-d’oeuvre docile et moins encline à déclarer les accidents du travail, plaide Karine Blanc, qui estime entre 20% et 50% le taux d’intérimaires sur le chantier d’environ 4.000 salariés : « s’il déclare un accident du travail, un intérimaire sait que sa mission ne sera pas renouvelée », elle dit.
Karine Blanc affirme avoir entendu un responsable de Randstad, l’une des agences directement implantées sur le site de Brétigny, dire au téléphone à un intérimaire que cela ne valait pas la peine de déclarer son accident du travail, car il n’aurait pas respecté les consignes de sécurité. Une forme de pression « inacceptable » pour le responsable syndical. Randstad répond que c’est « commentaires rapportés » et fait remarquer que« une déclaration d’accident du travail a été faite le jour » de l’événement.
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