L’industrie de la défense se prépare à une augmentation des commandes


La guerre est de retour sur le Vieux Continent et avec elle s’ouvre une ère de réarmement accéléré en Europe. De nombreux gouvernements ont annoncé des augmentations significatives de leurs budgets militaires, comme l’Allemagne (+100 milliards d’euros) et la Suède, qui va augmenter ses dépenses de 1,3% à 2% du PIB et envisage une intégration à l’Otan, comme son voisin finlandais. En France, avant l’invasion russe de l’Ukraine, la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 prévoyait de porter son effort de 40,9 milliards cette année à 50 milliards en 2025 (soit 2,5 % du PIB) à hauteur de 3 milliards par an. Cette loi de rattrapage pourrait être suivie de programmes plus ambitieux à partir de 2025 alors qu’Emmanuel Macron a annoncé le 2 mars qu’il « augmenter les investissements dans sa défense. »

Toute l’industrie européenne en profitera, ainsi que l’industrie américaine. Notamment Dassault Aviation (Rafale), Airbus (avions de combat et de transport, drones), Thales (radar, sonars, cybersécurité…), Nexter (véhicules blindés et armes terrestres…), MBDA (missiles), Naval Group (frégates, sous-marins, etc.) marins, etc.) et des milliers de PME et ETI qui approvisionnent les armées. Une base industrielle et technologique de défense qui emploie 200 000 personnes en France et irrigue des territoires souvent éloignés des métropoles.

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Les industriels commencent à évaluer l’impact des bouleversements géopolitiques actuels sur leurs opérations. « Nous sommes avec la France, qui fait un double effort, à la fois capacitaire et technologique, face à des menaces croissantes et de plus en plus complexes. », explique Philippe Kerrière, directeur général adjoint de Thales en charge de la stratégie et de la technologie. Selon le commandement des armées, ils reçoivent cinq messages sur cinq du chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, sur la nécessité de préparer d’urgence une vraie guerre.

« A la pointe de la technologie »

C’est ce qu’annonçait le rapport de mission des députés Patricia Miralles (LRM) et Jean-Louis Thiero (LR), publié deux jours avant le début de l’invasion de l’Ukraine. Sa conclusion est claire : la France n’a pas les moyens de mener le conflit. « haute intensité » et long, et mortel, et coûteux en matériaux. Polaris-21, un grand exercice intégré de l’armée de l’air mené à l’automne 2021 en Méditerranée, a montré que les pertes d’hommes et d’équipements dès le début des hostilités sont importantes. Le colonel Michel Goya, expert reconnu dans le domaine de la défense, illustre l’usure des forces dans ce type de bataille : compte tenu des pertes attendues des Russes, il écrit : « l’armée française n’aura plus de gros matériels dans quarante jours » (véhicules de combat, pièces d’artillerie, etc.).

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