« Il y a une méga-urgence. La question aujourd’hui n’est plus allons-nous dans le mur, mais à quelle vitesse allons-nous le prendre ? » Ce dernier constat est fait par Frédéric Lafage, président de la Fédération des métiers de la prestation de services intellectuels en conseil, ingénierie et numérique (Cinov). Autant de métiers qui sont au cœur de la problématique du changement climatique puisqu’ils concernent les énergies renouvelables, la mobilité, les procédés industriels, la construction ou encore l’aménagement du territoire.
« Les enjeux climatiques nécessiteront plus de transformations des métiers existants que la création de nouveaux »alerte l’Observatoire des métiers du numérique, de l’ingénierie, du conseil et de l’événementiel, dans une étude prospective à l’horizon 2025 sur les métiers de l’ingénierie dans la lutte contre le changement climatique.
Pour Frédéric Lafage, « plus que jamais, nous avons besoin d’une hybridation des compétences. Il faut briser le mythe de l’ingénieur enfermé dans la technique pure. L’ingénierie doit être liée aux sciences humaines, comme la sociologie et la philosophie, pour s’intégrer dans la durée. Nous avons besoin d’une culture mondiale ».
Le sentiment d’urgence est partagé. Ainsi, Romain Deleforge, associé du bureau parisien de Bain & Company, cabinet de conseil en stratégie et management, explique : « Le sujet est extrêmement urgent tant pour nous que pour nos clients qui doivent intégrer ces enjeux dans leurs business models et leurs modes de gouvernance. » Afin de donner à ses consultants le bagage nécessaire pour accompagner leurs clients, Bain Paris a créé, avec HEC Paris, une formation d’une quarantaine d’heures sur les grands enjeux énergétiques et climatiques menant à la certification.
Croissance exponentielle des demandes
Débutée en février, elle concernera dans les prochains mois tous les salariés de Bain à Paris, du junior au partenaire. « La formule a déjà fait des émules dans nos bureaux en Italie, aux Pays-Bas et en Belgique », se réjouit Romain Deleforge. L’enjeu est l’acquisition de compétences scientifiques, énergétiques, fiscales, économiques et financières.
Jean-Michel Gauthier, professeur à HEC Paris et titulaire de la Chaire Énergie et Finance, constate une croissance exponentielle des demandes des entreprises pour ce type de formation. « Ils veulent apprendre à parler le langage de demain, celui de l’énergie et du climat. Les dirigeants souhaitent refondre complètement les logiciels de leurs équipes et repenser leur business model. Les entreprises ont compris que le climat n’est pas une variable d’ajustement « open bar » et elles sont pleinement conscientes de la nécessité d’adapter leurs compétences.. »
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