Elodie Genthina est enseignante-chercheuse en sciences de gestion à l’Iéseg School of Management et auteure de plusieurs livres Génération Z qui parlent des personnes nées en 1995. Parmi ces livres : Génération Z : du consommateur Z à l’employé Z (Dunod, 2018), pour lequel elle a mené une étude auprès de 2300 jeunes sur leur perception de l’entreprise de demain.
Comment les aspirations de la jeune génération s’expriment-elles aujourd’hui sur le marché du travail ?
Il faut comprendre ces jeunes dans la société pour comprendre leur attitude face au travail. Ils recherchent des missions, pas des emplois, car ils sont orientés à très court terme. Beaucoup de jeunes refusent les CDI, ils ont besoin de flexibilité et de liberté. Ils ont du mal à se concevoir, ils détestent la routine et veulent constamment apprendre. L’esprit d’équipe est important pour eux, et même s’ils sont nés numériques, les gens sont fondamentaux. Donc, cette génération est en quête de sens, la crise provoquée par le Covid-19 les a secoués et a réveillé un sentiment d’urgence envers le social, l’environnement. Ils recherchent une entreprise qui correspond à leurs valeurs, dans une relation émotionnelle plutôt que rationnelle… Ils recherchent des projets précis et peuvent en changer régulièrement.
Comment expliquer cette exigence, notamment en termes de conditions de travail et d’autonomie ?
Les générations précédentes sont entrées dans l’entreprise et y sont restées, cela leur a donné un statut et le travail était tout. Aujourd’hui, les jeunes ne se construisent plus uniquement par le travail, ils veulent réussir rapidement dans la vie. Ils vont se permettre des revendications, cela peut paraître surprenant face au chômage, mais ils ont toujours connu une crise économique et sociale. Ils ont connu l’incertitude et n’ont pas peur de refuser un CDI. Fini la loyauté et la dette de loyauté envers l’entreprise, le jeune homme qui n’est pas content ne restera pas.
Alors, il n’y a plus envie de « faire carrière », mais de faire un travail qui passionne ?
Quand on parle de carrière, on parle du rapport au temps. A la question « Où vous voyez-vous dans cinq ans ? » », ils savent moins quoi répondre qu’avant. L’expression « projet de carrière » ne leur convient pas. Ils ne savent pas où ils seront l’année prochaine. Ils évoluent dans une société instantanée, et pour les attirer, il faut leur proposer des emplois spécifiques en mode mission, en mode projet ou en mode intra-entreprise. [comme s’ils étaient un entrepreneur au sein de l’entreprise].
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