Réplique du tremblement de terre. Moins de deux mois après la parution du livre de Victor Castane sur Orpei, fossoyeurs (Fayard, 400 pages, 22,90 €), L’Inspection générale des finances (IGF) et des affaires sociales (IGAS) doit remettre au gouvernement, mercredi 23 mars, un rapport qui met en lumière les pratiques identifiées dans les travaux, d’un groupe privé qui compte environ 230 EHPAD en France. Leurs conclusions ont dû être accablantes, à en juger par le rapport préliminaire envoyé à Orpea début mars, pour qu’il puisse réagir aux constatations des inspecteurs.
Paix eu accès à la synthèse de cette première version. Son contenu, détaillé en six chapitres – de l’organisation au contrôle interne et externe du groupe, en passant par l’accompagnement des riverains et l’utilisation de l’argent public, confirme, à quelques exceptions près, les faits révélés par M. Castane. : L’IGF et l’IGAS considèrent que la priorité d’Orpea est l’objectif de respect du budget, ce qui contribue à la mauvaise qualité de vie des résidents et des soins qui leur sont prodigués.
Manque de personnel
Le premier chapitre du rapport préliminaire revient sur l’organisation du groupe, qui laisse très peu d’autonomie aux directeurs d’établissements. Le deuxième chapitre dresse un tableau très critique de la prise en charge des résidents : négligence dans les soins bucco-dentaires, manque de fiabilité dans le schéma de distribution des médicaments, difficultés à faire face aux urgences. L’hygiène, le temps de lavage, le contrôle des escarres et la prévention des chutes sont tous affectés par le manque de temps du personnel.
Contrairement au livre, le rapport préliminaire ne rationne pas la protection contre l’incontinence. Par contre, il note des lacunes dans la carte qui, selon lui, sont trop peu nombreuses. La masse de produits individuels est insuffisante, les périodes de jeûne nocturne sont parfois trop longues. Le protocole anti-malnutrition est controversé. Faute de personnel, les résidents les plus dépendants ont peu de temps pour bien manger.
Au rythme trop stressant s’ajoutent une formation insuffisante du personnel et une instabilité des équipes. Un EHPAD Orpea sur cinq (18%) n’a pas de médecin coordinateur. A cet égard, Orpea se situe légèrement au-dessus de la moyenne, avec au moins 20 % d’EHPAD en 2019 selon l’Agence nationale d’appui à l’efficacité. Or, un premier bilan note que le nombre de salariés pour cent habitants, tous personnels confondus, à Orpea est inférieur à la moyenne des EHPAD rentables.
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