Cahier de bureau. Vous ne serez plus jamais appelé RH, mais « médiateur sur les questions climatiques » ou « conseiller en reconversion verte ». C’est en tout cas l’un des enseignements à tirer du rapport « La transition écologique. Défi du siècle pour les RH ? », publié le 20 avril. Réalisé sur la base d’études et d’entretiens de juin 2022 à mars 2023 par le HR Lab, et les entreprises PageGroup, Groupe Renault et Axa Climate, il constate peu d’avancées concrètes dans les entreprises, mais une réelle prise de conscience qui ne demande qu’à être traduite en actes par les équipes de responsables des ressources humaines.
L’évolution des compétences pour réussir la « transition verte » a commencé il y a de nombreuses années avec de belles promesses. Depuis quinze ans, les rapports se succèdent, prévoyant des dizaines de millions d’emplois « verts » dans le monde (Organisation internationale du travail, en 2008), des centaines de milliers en France (Grenelle de l’environnement en 2009), sans jamais trop béton.
Aujourd’hui on parle plus volontiers de « verdissement des métiers » ou de la « part verte » des emplois, dont la plupart doivent s’adapter, puis de métiers à réinventer, et déjà de pénurie de « compétences vertes ». D’ici 2050, le think tank environnemental des entreprises The Shift Project évoque 1,1 million d’emplois créés en France. À suivre…
En 2021, la convention citoyenne pour le climat exigeait que, d’ici 2025, « chaque entreprise, chaque organisation et chaque personne est accompagnée pour développer son activité, voire la changer si elle venait à disparaître, et contribuer ainsi à la réduction des émissions de gaz à effet de serre », rappelle le rapport. La loi Climat et Résilience d’août 2021, qui oblige les entreprises à faire figurer dans leur base de données accessible aux représentants du personnel les éléments de leur politique environnementale générale, a initié la réflexion des organisations.
De l’entretien de recrutement
En 2023, nous y sommes. Les enjeux environnementaux sont présents dès l’entretien de recrutement, demandé par les candidats, puis dans le quotidien de chaque salarié dont le mug à café a remplacé le gobelet jetable désormais interdit. Plus sérieusement, le « Défi RH » diagnostiquée par le rapport implique une politique d’anticipation des emplois d’avenir, à commencer par les leurs.
L’équipe RH de 2025 devrait donc avoir un médiateur sur les questions climatiques « chargé de faire le pont entre la direction et les salariés pour mener à bien la politique de sensibilisation »explique la présidente de PageGroup France, Isabelle Bastide, alors conseillère en conversion verte « pour identifier les profils des industries polluantes et leur concevoir un plan de formation sur mesure »un gestionnaire des avantages climatiques, « qui devra transcrire la réduction carbone en avantages financiers, par exemple, en l’intégrant dans la politique de rémunération »et enfin un responsable du score social et environnemental « responsable du label et de son adéquation avec les comportements au sein de l’entreprise », une sorte de vigie anti-greenwashing. De quoi donner du sens à la fonction RH.