Directrice des ressources humaines d’Hutchinson en 2008, ce qui en fait la première femme siégeant au comité de direction de l’entreprise, Dominique Bellos, née en 1949, ouvre un cabinet de management, à la fin de sa carrière, en 2019. Une carrière d’une cinquantaine d’années qu’elle retrace dans Il était une fois… une femme dans l’industrie (L’Harmattan, 2021).
Dans « Il était une fois…une femme dans l’industrie », vous retracez cinquante ans d’un parcours, pas toujours simple, dans un milieu très masculin. Comment êtes-vous arrivé dans le monde de l’industrie ?
Dominique Bellos : A l’origine, dans les années 1970, j’étais une littéraire, je me dirige vers l’enseignement de l’allemand. Pour faire ma thèse, je suis allée à Bâle [Suisse], où en parallèle de mes études j’ai travaillé comme secrétaire dans le groupe chimique Ciba-Geigy. Avec ma maîtrise, j’ai donné une seule heure de cours d’allemand, mais j’ai préféré me risquer dans l’industrie qui m’attirait. Puis j’ai transformé la pédagogie de l’enseignement en pédagogie des ressources humaines.
Après trois ans comme secrétaire, j’ai eu l’audace d’aller chercher les postes qui me correspondaient, en prenant le risque d’un refus. J’ai ensuite rejoint la filiale française d’un petit groupe suisse-allemand, où j’ai gravi les échelons pendant dix-sept ans jusqu’à devenir directrice commerciale puis directrice générale de la filiale.
Quelle a été votre expérience chez Hutchinson, la filiale du groupe Total Energies que vous avez rejointe après ?
Après quelques années de vaches maigres entre 1992 et 1997, où j’ai connu des faillites de PME, j’ai répondu à une annonce de l’Association pour l’emploi des cadres [APEC]. Sur 678 candidatures, j’étais la seule femme à me proposer pour Hutchinson.
Pendant dix ans j’ai dirigé des « business units » [unités de production] dans les pneus de vélo et les joints pour fenêtres, puis je suis devenue directrice des ressources humaines, ce qui en 2008 a fait de moi la première femme siégeant au comité de direction de l’entreprise. J’y suis resté jusqu’en 2016, puis j’ai terminé ma carrière en 2019, lorsque j’ai ouvert mon cabinet de management. Il y avait une volonté du patron de Total (devenu TotalEnergies depuis), Christophe de Margerie, de soutenir la diversité dans le monde masculin d’Hutchinson.
J’ai vérifié le contenu du poste. Ça ne suffit pas d’être une femme, je voulais être engagé pour mes compétences, ou j’avais un dialogue social avec les syndicats et je connaissais le terrain.
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