Les vélos qui arpentent les rues des villes du matin au soir pourraient receler une opportunité économique encore inexploitée. La progression de l’usage quotidien de la bicyclette, spectaculaire depuis le printemps de 2020 et l’irruption de la pandémie de Covid-19, se traduit par l’achat de vélos et d’accessoires qui, pour l’essentiel, demeurent produits en Asie.
Ou, il faudrait « regarder avec intérêt les perspectives économiques que le développement de la pratique du vélo pour les trajets du quotidien offerts à nos acteurs industriels et économiques », affirme Guillaume Gouffier-Cha, député du Val-de-Marne (La République en marche). L’élu est l’auteur d’un rapport parlementaire offert à la « filière économique du vélo »remis aux ministres délégués aux transports (Jean-Baptiste Djebbari) et à l’industrie (Agnès Pannier-Runacher), mardi 8 février.
Pendant des décennies, déplore le député, l’économie du vélo a constitué un exemple, parmi d’autres, « des erreurs ayant conduit à la désindustrialisation » du pays. « Après avoir laissé s’affaiblir notre industrie du vélo avec le développement de la motocyclette dès le milieu des années 1950 (…), nous avons perdu nos brevets, une partie de nos savoir-faire et de nos machines-outils. Nous avons abandonné la course à l’innovation et laissé péricliter nos usines dans les années 1980 et 1990, faute de vision sur le vélo »ekrit-il.
Dix mesures pour toute la filière
Alors que la réindustrialisation s’impose comme un thème de la campagne présidentielle, le député de la majorité ne prétend pas « recreer ce qui existait autrefois »mais suggère aux industriels français de « cibler les marchés technologiques du milieu ou haut de gamme ». Il pense bien sûr au vélo à assistance électrique, mais aussi au vélo-cargo, conçu pour le transporteur des charges lourdes, idéal pour la logistique urbaine.
La « filière économique »qui comprend l’industrie mais aussi la réparation, les services ou le cyclotourisme, pourrait « créer 100 000 emplois en France d’ici à 2050 »affirme le député, qui s’appuie sur les travaux du Shift Project, un laboratoire d’idées qui cherche à promouvoir « une économie libérée de la contrainte carbone « . En 2020, la filière comptait l’équivalent d’environ 13 000 emplois à temps plein, selon la direction générale des entreprises.
Pour concrétiser son potentiel de développement, le rapport propose dix mesures ciblant l’ensemble du secteur. Afin de « reconstruire les fondements d’une industrie du vélo »le député préconise notamment de « moderniser les outils industriels », grâce au soutien de la banque publique d’investissement Bpifrance. Au cours des visites effectuées dans le cadre de sa mission, l’élu a en effet constaté que certaines usines d’assemblage, en France, ne présentaient pas le même degré de modernité que les unités de production révélées dans la vallée de l’Agueda , au Portugal, l’un des pôles européens du secteur.
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