Être un employé à la fin d’une pandémie peut mener à n’importe quoi. Essayez de vous photographier en groupe près d’un goéland qui s’envole dès que vous vous en approchez, formez un logo humain de l’entreprise, un corps tordu dans toutes les directions, ou filmez-vous en train de traverser en file indienne, pieds nus, un passage pour piétons, comme les Beatles sur la couverture deChemin Abbey – et essuyez le commentaire goguenard d’un passant : « Vous êtes à court de cheveux, messieurs! »
Dans le centre-ville de La Rochelle (Charente-Maritime), sous un ciel ensoleillé, ils sont 70 pour s’agiter en équipe, chronomètre à la main, pour relever des défis fous. Au milieu d’un séminaire de trois jours, cet après-midi de consolidation d’équipe (« team building ») est recherché par Catana, le fabricant de catamarans de Bali, après deux ans de réunions à distance puis une explosion des ventes poussant à recruter à tout prix. D’âges et de nationalités variés, la petite troupe prend étonnamment le jeu obligatoire. La glace se brise entre étrangers, des stratégies communes sont élaborées, dans un anglais de survie commerciale.
« Nous avions l’habitude de parler au téléphone, mais maintenant nous n’utiliserons plus le même ton »Mathilde le sait déjà, avec l’énergie d’un leader, qui sympathisait avec un homologue portugais. Son équipe comprend également Cyrille, dans la cinquantaine, concessionnaire de la marque dans la ville. « Nous ne vous mettrons pas sur TikTok, promis! Allez… Eh bien, 100 euros par personne? », il propose, en désespoir de cause, à une bande d’adolescents croisés en ville, pas pressés de rejoindre une chorégraphie filmée. Perte de temps… « On joue mais on échange, une dynamique s’installe, on partage les valeurs de l’entreprise, on renforce le sentiment d’appartenance à la marque », Kasia Stodolska, responsable de la distribution pour l’Europe, estime.
« C’est reparti comme jamais auparavant »
Le groupe Autreman, qui a imaginé ce « City express » pour Catana, fait face à un « très forte demande », selon son directeur Laurent Ouillet. Séminaires team building, soirées d’entreprise… tous ces « plaisirs » vécus dans la société ont repris à l’été 2021. Cruelle, la cinquième vague de Covid-19, six mois plus tard, a reporté la chasse au trésor avec Philippe, du compte.
Mais depuis le début de l’année, le secteur des événements d’entreprise sort le champagne du mini-frigo. « C’est reparti comme jamais auparavant, depuis le 3 janvier. En un mois, nous avons égalé le chiffre d’affaires 2019, calcule Thomas Faizant, co-fondateur de Next Stopover, qui crée des événements pour les start-ups. Il y a un énorme intérêt à ce que les gens se voient physiquement. »
Vous avez encore 77,65% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.