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Jeudi 17 mars, lors d’une conférence de presse au cours de laquelle il a présenté les grandes orientations de son programme de réélection, Emmanuel Macron a répété à plusieurs reprises son objectif d’atteindre le « plein emploi ». Un objectif atteignable, dans la lignée de la ligne qu’il mène depuis 2017, qu’il a marqué, et qui serait payant en termes de réduction du chômage. Est-ce vraiment vrai ? Si les chiffres lui donnent raison, ils masquent d’importantes inégalités. Explications.
Qu’a t’il dit
« Le taux de chômage a atteint son plus bas niveau depuis quinze ans. Le taux de chômage des jeunes, le taux le plus bas depuis quarante ans et le taux d’activité le plus élevé depuis qu’il a été mesuré. »
ce qui est plus vrai
- Le chômage à son plus bas niveau depuis 2008
Emmanuel Macron avait déjà confirmé en novembre 2021 que le taux de chômage n’avait jamais été aussi bas depuis quinze ans. Les chiffres lui donnent encore le droit d’exister si l’on s’en tient à l’évolution du taux de chômage telle que définie par le Bureau International du Travail (BIT), « référence pour analyser les évolutions du marché du travail »selon le ministère du Travail.
Le taux de chômage de la France a baissé de 0,6 point au quatrième trimestre 2021 à 7,4% de la population active, selon les dernières données de l’Institut national de la statistique et des recherches économiques (Insee). C’est en effet le taux de chômage le plus bas depuis une quinzaine d’années, puisqu’il faut remonter à 2008, il y a quatorze ans, pour trouver un taux inférieur à 8 %. « Pour les quatre trimestres précédents, il est resté quasiment stable, entre 8,1 % et 8 %. C’est 0,8 point en dessous de son niveau d’avant-crise (fin 2019) et le plus bas depuis 2008, si l’on exclut une baisse ponctuelle et trompeuse au printemps 2020 liée à la crise sanitaire.Détails INSEE.
- Le taux de participation a battu le record de 1975.
Concernant le taux d’activité, qui mesure la proportion de la population active (employés et chômeurs) par rapport à la population totale, l’actuel président de la République s’exprime également assez correctement.
En effet, ce chiffre a été atteint au troisième trimestre 2021. « c’est le niveau le plus élevé depuis qu’il a été mesuré par l’INSEE (1975) », pour 73,5% de la population, précise l’institut. Cependant, au dernier trimestre de 2021, il est tombé à un creux d’environ 0,2 %.
Ce qui mérite nuance
- Le chômage des jeunes est loin d’être record…
En revanche, le candidat à la présidentielle joue sur les chiffres lorsqu’il affirme que le taux de chômage des jeunes « atteignant son plus bas niveau depuis quarante ans ».
Si l’on regarde le taux de chômage annuel moyen des jeunes, il a nettement baissé au cours des cinq dernières années, passant de 26 % en 2016 à 18,9 % en 2021, selon les données de l’INSEE. Mais il reste bien plus élevé qu’en 1975 (7,9 %), qu’en 1990 (16,8 %) ou, plus récemment, en 2002 (17,8 %). De ce point de vue, il serait plus correct de dire que le taux de chômage des jeunes est à son plus bas niveau depuis dix-neuf ans.
Pour être d’accord avec M. Macron, il faut regarder non pas la moyenne annuelle du chômage des plus jeunes, mais sa moyenne trimestrielle. En effet, au dernier trimestre 2021, le chômage des 18-24 ans a baissé de 3,6 points à 15,9%, un niveau jamais atteint depuis le premier trimestre 1981 (15,3%).
Cette baisse doit être due à une nette augmentation du nombre de bénéficiaires de contrats d’alternance depuis 2016, une tendance qui « même accéléré entre fin 2020 et fin 2021. », relève l’Insee dans une note d’économie publiée en mars. Cela s’explique par diverses réformes : aide financière aux apprentis, soutien accru à l’embauche et mesures visant à faciliter le recours à l’apprentissage par les employeurs. Ces jeunes stagiaires qui travaillent et étudient contribuent à réduire le chômage des jeunes car ils sont considérés comme des « salariés » au sens de l’OIT. De fin 2015 à fin 2021, le taux d’emploi des jeunes a augmenté de 5,3 points, dont 2,9 points au titre des contrats de travail.
Derrière le tableau de la baisse du chômage se cachent de fortes inégalités. Le chômage des plus jeunes de 15 à 24 ans reste très élevé à 18,9 % contre 23,5 % au début du quinquennat d’Emmanuel Macron. C’est 3,3 fois plus élevé que le taux de chômage des personnes âgées de 50 ans et plus.
Et la tendance ne va pas dans le bon sens : de début octobre à fin décembre 2021, la proportion des 15-29 ans qui ne font pas de sport et ne s’entraînent pas a encore augmenté (+0,5 point) et arrêté à 12.2. %, et retour au niveau d’avant crise (12,3 % au quatrième trimestre 2019).
- Le nombre de chômeurs reste à un niveau élevé
Malgré le fait qu’au cours des trois derniers trimestres, il a commencé à baisser de manière significative, le nombre de chômeurs reste à un niveau élevé. Fin 2021, on comptait 3,336 millions de chômeurs (Catégorie A), et en incluant les demandeurs d’emploi à temps partiel (Catégories B et C), ce chiffre s’élevait à 5,659 millions. Il s’agit du niveau le plus bas atteint depuis fin 2012.
- Un « halo de chômage » croissant
L’INSEE estime « auréole autour du chômage », regroupement de personnes qui sont hors décompte officiel parce qu’elles ne répondent plus aux critères du chômage tels que définis par l’OIT, bien qu’elles soient toujours à la recherche d’un emploi.
Au cours du dernier trimestre 2021, ce chiffre a légèrement augmenté, revenant aux niveaux d’avant la crise. Ainsi, ce sont 1,897 millions d’inactifs qui souhaitent travailler mais qui ne sont pas considérés comme chômeurs car ne répondant pas aux critères de l’OIT (faire des recherches, être disponible immédiatement).
- Explosion des microentreprises et instabilité
La baisse du chômage masque aussi l’émergence d’une nouvelle forme d’instabilité : le travail à la pièce, souvent qualifié d’« ubérisation de la société », est l’un des principaux marqueurs économiques du quinquennat de Macron.
Elle s’est en effet caractérisée par une explosion du travail indépendant. Près d’un million d’entreprises ont été créées en 2021, dont 641 000 micro-entreprises, dont le statut est connu pour leur précarité (seul un tiers survit cinq ans plus tard), les faibles rémunérations (environ 590 € par mois en moyenne) et la vulnérabilité (dans certains cas, cachant de même le travail rémunéré souvent souffert).
- Des perspectives incertaines
Autre sujet d’inquiétude : malgré la vigueur économique de la reprise du Covid-19, 2022 pourrait être une année difficile pour le marché du travail, selon l’Observatoire français des conjonctures économiques. Dans une note publiée en octobre 2021, cette dernière redoute un ralentissement des créations d’emplois et une hausse du chômage, qui pourrait atteindre 8,2 % de la population active française : « En 2022, les créations d’emplois seront moins pérennes et la population active croîtra plus vite que l’emploi, entraînant une hausse du chômage (+45 000 chômeurs en fin d’année par rapport à fin 2021). Ainsi, le taux de chômage augmenterait de 0,2 point. »
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