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La veille, encore : restaurant. Le lendemain : brunch. Soir : un après le travaildans le quartier de Buenos Aires qui borde le Rio de la Plata, Puerto Madero, et verres sur un toit. Puis, chaque mois, une escapade est prévue aux quatre coins du pays : bientôt, les spectaculaires chutes d’Iguazu – à la frontière brésilienne –, puis Salta et ses montagnes colorées au Nord-Ouest. « Nous sommes en feu »avoue en souriant Ricardo (les personnes citées dont le nom n’apparaît pas a souhaité rester anonyme), 28 ans, qui a quitté la Belgique avec sa compagne pour rejoindre l’Argentine, fin avril, comme « nomade numérique », pendant environ six mois. Ses projets ne sont pas que touristiques : le jour, il continue de travailler, totalement à distance, trente-deux heures par semaine, comme administrateur des achats pour une entreprise néerlandaise.
« Je n’y vois que des avantages ; à Buenos Aires, je ne me sens pas dépaysé. En parallèle, j’apprends une nouvelle langue et puis, avec un salaire européen, la vie n’est vraiment pas chère, je vais même pouvoir mettre de côté », remarque-t-il, ravi des premiers contacts. Jusqu’à présent, il s’en sort avec sa maîtrise du portugais.
« Nos atouts sont le coût de la vie, imbattable en termes d’offre culturelle, gastronomique et de divertissement, mais aussi un climat agréable toute l’année. » Francisco Resnicoff, sous-secrétaire aux relations internationales
Depuis le 10 mai et le lancement d’un visa qui leur est dédié – d’une durée de six mois, renouvelable une fois – l’Argentine compte officiellement sur l’arrivée de ces nouveaux travailleurs dans le pays. « La pandémie de Covid-19 a accéléré tout ce qui, d’une manière ou d’une autre, allait finir par arriver »justifié, lors de l’annonce, Florencia Carignano, directrice des services de migration, en référence à ce nouveau profil de visiteurs. « Les personnes qui rejoignent cette communauté ont entre 20 et 40 ans, la majorité d’entre elles ont un diplôme universitaire. On estime qu’ils consomment plus que les autres visiteurs : 6 000 $ [5 670 euros] lors d’un séjour type »calcule le gouvernement.
« Ces dépenses stimulent l’économie »
Buenos Aires, la ville d’arrivée des nomades, avait déjà formellement entériné cette stratégie en décembre 2020, puis en novembre 2021, avec « la première conférence pour les nomades numériques en Amérique latine ». Objectif : attirer 22 000 personnes correspondant à ce profil d’ici 2023. La ville offre un « pack de bienvenue » à ces visiteurs, comprenant, entre autres, une carte de transport et une carte SIM, des promotions dans divers hôtels. La manne attendue s’élève à 150 millions de dollars. Si le gouvernement affiche d’emblée sa volonté de « générer un impact positif pour l’entrée des devises » dans un pays qui en a encore bien besoin, des nomades, pour la plupart américains ou européens selon les autorités, s’échangent de bonnes adresses pour obtenir des pesos sur le circuit parallèle. Le tarif y est meilleur. Et les euros ou dollars échappent aux réserves officielles.
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