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A quelques jours du premier tour des législatives, le chef de file de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, continue de s’en prendre au bilan d’Emmanuel Macron dans l’espoir de rallier les électeurs derrière son alliance, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale. (Nupès). Invité dans la matinale de France Inter, mardi 7 juin, le candidat malheureux à l’élection présidentielle a estimé que « le chômage est masqué par le recours à l’apprentissage ».
Alors que la journaliste Léa Salamé, qui l’interrogeait, rétorquait que « Le chômage n’a jamais été aussi bas depuis quinze ans »M. Mélenchon s’est emporté :
« Madame Salamé, dites à vos auditeurs que le chômage a baissé parce que nous enregistrons 900 000 nouveaux emplois qui sont, en fait, des contrats de jeunes apprentis, qui sont des apprentis, pas des salariés ! (…) Le chômage est au plus haut, le chômage réel. »
« Madame Salamé, dites à vos auditeurs que le chômage a baissé car nous enregistrons 900 000 nouveaux emplois qui sont… https://t.co/397JphpBEe
pourquoi c’est exagéré
Comme l’a souligné M.moi Salamé, le taux de chômage n’a jamais été aussi bas depuis quinze ans, si on prend les chiffres dans le sens de bbureau international du travail (BIT), qui reste le« indicateur de référence pour analyser les évolutions du marché du travail », comme l’a noté le ministère du Travail.
Au premier trimestre, le taux de chômage est resté quasiment stable (-0,1 point) à 7,3% de la population active en France, après avoir baissé de 0,6 point au trimestre précédent, selon les données de l’Institut national de la statistique et des études économiques ( INSEE). Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée au deuxième trimestre 2017, le taux de chômage a baissé de 2,2 points. « C’est son plus bas niveau depuis début 2008, si l’on exclut la baisse ponctuelle du trompe-l’œil au printemps 2020, lors du premier confinement »précise l’INSEE.
Mais pour Jean-Luc Mélenchon, cette baisse du taux de chômage est uniquement due à la hausse des contrats d’apprentissage, fortement poussée par les aides exceptionnelles mises en place depuis la crise sanitaire.
Le nombre de contrats d’apprentissage a, en effet, explosé durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Selon la Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail, 731 000 nouveaux contrats d’apprentissage dans le secteur privé et public ont été signés en 2021, contre 289 000 en 2016.
Cette forte augmentation s’explique par diverses réformes : aides financières aux apprentis, soutien accru à l’embauche et mesures visant à simplifier le recours à l’apprentissage pour les employeurs. Le très coûteux plan « 1 jeune, 1 solution », mis en place en pleine crise sanitaire, en juillet 2020, prévoit notamment le versement d’une aide exceptionnelle (entre 5 000 et 8 000 euros) aux employeurs qui recrutent un apprenti.
« Jamais en France on n’a aidé un travail à un tel niveauanalyse Bruno Coquet, chercheur associé à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et auteur d’une note sur le sujet. Une aide exceptionnelle permet de couvrir 100 % du salaire d’un apprenti de moins de 25 ans la première année. » Cette aide, prévue jusqu’en juin, sera prolongée « Au moins jusqu’à la fin de l’année »l’a annoncé fin mai le ministre du Travail, Olivier Dussopt.
Un lien difficile à estimer
Cette augmentation indéniable du nombre d’apprentis suffit-elle à expliquer la totalité de la baisse du chômage ? « C’est très compliqué d’établir ce lien. Il existe, mais nous ne savons pas comment le quantifier à ce stade. »commente Bruno Coquet, tout en assurant sans hésiter que « dire comme Jean-Luc Mélenchon que tous les apprentis d’aujourd’hui étaient au chômage hier est faux ».
Dans une note sur la situation publiée en mars, l’Insee explique également qu’une majorité des entrants en apprentissage n’étaient pas des chômeurs, mais des étudiants avant le début de leur contrat :
Selon les données de la Dares, en 2020, 53,9 % des nouveaux apprentis étaient aux études avant le début du contrat et seulement 28,1 % étaient déjà en apprentissage ou demandeurs d’emploi. On peut donc estimer qu’une grande partie des bénéficiaires de ces contrats passent de l’inactivité à l’emploi.
Cela signifie que la forte augmentation du nombre de contrats en alternance a un effet significatif sur la hausse de l’activité et du taux d’emploi des jeunes, plus que sur le chômage. Entre fin 2015 et fin 2021, le taux d’emploi des jeunes a ainsi augmenté de 5,3 points, dont 2,9 points attribués aux contrats en alternance.
Pour comptabiliser l’ensemble des contrats en alternance, il faut aussi inclure les contrats de professionnalisation. Depuis la réforme de l’apprentissage de 2018, qui a porté l’âge maximum d’entrée de 25 à 29 ans, les contrats de professionnalisation ont nettement baissé entre 2019 et 2020, avant de remonter en 2021. Ensemble, les deux types de contrats ont presque doublé en cinq ans, passant de 484 700 en 2016 à 852 300 en 2021. » des alternants d’environ 900 000 à fin 2021.
Notons enfin que le chômage des 15-24 ans avait commencé à baisser en 2016, avant même la réforme de l’apprentissage, les aides exceptionnelles et l’explosion du nombre d’alternants.
Si les chiffres impressionnants de l’apprentissage ne peuvent pleinement expliquer la baisse du chômage, comme le suggère M. Mélenchon, la fin programmée des aides exceptionnelles fin 2022 risque de réduire drastiquement le nombre de contrats d’apprentissage, donc le taux d’emploi des jeunes.
Pour Bruno Coquet, cette aide, légitime au plus fort de la crise, est désormais devenue « inutile et trop cher » et ont été « Massivement utilisé pour intégrer des jeunes qui rencontrent peu ou pas de problèmes dans l’emploi », c’est à dire les diplômés bac + 2 ou plus. Au contraire, ils étaient « aucun effet sur les jeunes les plus en difficulté à l’entrée sur le marché du travail ».
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