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Les pouvoirs publics et les entreprises ne prêtent pas suffisamment attention au sort des personnes lésées par leur activité professionnelle. C’est l’un des constats dressés par la Cour des comptes dans un rapport, publié mardi 20 décembre, sur les politiques « prévention santé au travail ». Le tribunal de grande instance avance même que certaines initiatives prises au début du premier mandat d’Emmanuel Macron ont été contre-productives. Ses appréciations résonnent avec la réforme des retraites actuellement menée par l’exécutif, l’une des priorités affichées étant de renforcer les actions en faveur des salariés exerçant des métiers physiquement exigeants.
Les auteurs du rapport reviennent sur les changements décidés en 2017 par le gouvernement d’Edouard Philippe. Il avait refondu le compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P), créé sous la précédente législature et décrié par les employeurs, qui y voyaient un » Usine à gaz « impossible à opérer. L’appareil incriminé visait à mesurer l’exposition des salariés à dix « facteurs de risques professionnels » (températures extrêmes, travail de nuit, etc.) avec un système de seuils et de points offrant trois possibilités, à terme : prendre sa retraite plus tôt, partir à temps partiel tout en conservant son salaire, suivre une formation.
Enfin, le pouvoir en place, il y a cinq ans, avait choisi de supprimer quatre facteurs du mécanisme (manutention manuelle des charges, vibrations mécaniques, etc.) et de supprimer la contribution relative au dispositif. Au passage, le C3P avait été rebaptisé, devenant le C2P – au nom de la prévention professionnelle – et gommant le mot « difficulté »ce que M. Macron n’aime pas vraiment quand il s’applique au travail.
Les moyens de limiter les difficultés
Bilan de ces transformations ? Il n’est pas célèbre, selon la Cour des comptes. En 2019, le C2P avait été utilisé 4 598 fois depuis sa mise en place, « qui est très petit ». Le chiffre a augmenté au cours de la période récente, approchant la barre des 12 000, selon les données publiées en octobre par le ministère du Travail. Mais l’impact apparaît, à ce stade, extrêmement faible.
Une telle situation « s’explique par la montée en charge nécessairement progressive de l’appareil », reconnaissent les auteurs du rapport. Cependant, poursuivent-ils, la logique initiale du récit était de« inciter les employeurs à réduire l’exposition de leurs salariés à la pénibilité en leur imposant une cotisation spécifique ». « Cependant, cette ambition a été abandonnée en 2017 », avec la disparition du prélèvement, ordonné par le gouvernement d’Edouard Philippe. Le C2P n’a donc pas « plus de vertu de prévention » et « n’est pas à la hauteur des objectifs qui lui sont assignés ».
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