Livre. C’est un invariant. Au sein des familles, entre voisins, dans nos vies professionnelles, entre états : les conflits sont partout, « dès que deux volontés, deux intérêts contradictoires, deux visions du monde s’affrontent ». Il occupe même une place centrale, « une première dans l’histoire d’une entreprise », « manifestation de vie »explique le travail collectif mené sous la direction de la socio-psychologue Imen Benharda, L’Art de pacifier nos conflits (Erès).
L’essai est une plongée au cœur des recherches menées sur la conflictualité, ses conséquences et les moyens de la résoudre. Il est le fruit de vingt-cinq ans de réflexion de ses auteurs, fondateurs en 1995 du diplôme universitaire « Gestion et résolution des conflits : négociation et médiation » (Université Paris-Cité).
Ces universitaires mettent en avant un fait fondamental : la présence d’un conflit, s’il perturbe l’ordonnancement quotidien, n’est pas forcément négatif. « Elle est parfois bénéfique quand elle nous permet d’avancer, de modifier nos routines, de prendre conscience de nos manquements, de la violence que nous infligeons aux autres ». Il porte en lui une « dynamique implacable de destruction créatrice »qui ont pu être à l’origine de la création d’Etats ainsi que d’améliorations de l’organisation du travail dans les entreprises.
Le livre se concentre sur les entreprises, les conflits qui peuvent survenir en interne et les moyens d’apaiser les tensions. Les auteurs montrent combien ses formes ont évolué dans le temps. La fréquence des conflits collectifs a nettement diminué en France dans la seconde moitié du XXe siècle.e siècle. On observe ainsi une « forte diminution des jours de grève dans le secteur concurrentiel ».
Médiation faible
Cependant, les conflits n’ont pas « disparues, loin de là, elles sont simplement moins visibles car moins collectives »explique le psychologue social Hubert Touzard, évoquant le développement d’une « une certaine individualisation des formes de conflit ». En effet, les cas de rupture de communication ou de coopération, de violence verbale ou physique sont plus difficiles à détecter au sein des organisations.
Si ces conflits font partie du quotidien des entreprises, et peuvent constituer « friction nécessaire »l’efficacité d’une organisation se mesurera à sa capacité à y faire face. « La paix n’est pas conçue ici comme l’absence de conflits, mais comme la capacité à les gérer au quotidien. » Un enjeu des plus stratégiques.
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