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jee débat sur les retraites a notamment fait naître l’idée que le problème de fond était moins le projet de réforme que le travail lui-même. Pour une part croissante des salariés, cette dernière est désormais synonyme d’insatisfaction et de manque de sens.
En témoignent les manifestations de désengagement telles que l’absentéisme, le turnover [le départ et l’entrée de personnel]démotivation au visage à des conditions de travail difficiles, des difficultés de recrutement… Il ne doit pas y avoir de « paresse » là-dedans, mais une critique dans l’action du travail que nous faisons, au nom de celui que nous aimons. Les salariés ne se résignent donc pas sans amertume à occuper – car il faut bien vivre – un métier essentiellement alimentaire.
Sous ce prisme, la retraite leur apparaît comme le moment de la « grande compensation » où les comptes sont réglés. D’une part, c’est la demande légitime de justice évoquée à propos de l’inégale durée de cotisation, liée à l’inégale espérance de vie. En revanche, on peut cependant se douter que, pour le plus grand nombre, le compte n’y sera jamais. Car, quelles que soient les conditions, comment la retraite pourrait-elle remplacer ce qui n’a pas de prix, c’est-à-dire un travail significatif et épanouissant ?
L’opposition à la réforme recouvre, à cet égard, un débat jusqu’ici passé sous silence. Celui qui oppose les partisans d’un signal de « bonne gestion » à envoyer aux marchés et les tenants d’une certaine idée de solidarité qui, à la suite du sociologue Marcel Mauss (1872-1950), considèrent les retraites comme un contre – don versé par la nation à ses retraités, en réponse au don qu’ils ont fait lorsqu’ils étaient actifs.
Le sentiment d’être utile
Ce clivage entre raison managériale et reconnaissance symbolique recoupe celui qui oppose, dans la sphère du travail, culture du résultat et éthique du métier, capitalisme prédateur et aspiration au don de soi. On comprend donc l’amertume de ceux que les arguments du gouvernement obligent à se soumettre à une logique qui, à leurs yeux, détourne de l’essentiel.
En même temps que la retraite, c’est donc le travail qu’il faut repenser, pour qu’il soit valorisant en tant que tel et permette in fine une activité qui humanise. Après tout, travailler consiste à produire, bien sûr, mais ce faisant, c’est aussi nous-mêmes qu’en travaillant nous produisons.
A ce titre, le travail doit privilégier l’autonomie, contrairement au néo-taylorisme qui désapprend la responsabilité. Ce pourrait être une expérience qui prépare au vivre ensemble en privilégiant l’appartenance commune à l’équipe, à la profession, à la société, à la concurrence et à l’individualisation excessive qui dissolvent les solidarités. Elle doit accréditer en chacun le sentiment d’être utile, en permettant le travail bien fait et le sentiment du devoir accompli, aujourd’hui empêché par l’obsession du nombre. Un apport majeur à cet égard peut être celui d’un management exerçant loyalement sa mission, au lieu de privilégier l’évitement en se cachant dans des systèmes anonymes d’inspiration productiviste (production juste à temps, digitalisation, etc.).
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