Les questions sociales font rarement la une des journaux en Allemagne. Ce fut le cas lundi 27 mars. Pendant vingt-quatre heures, un mouvement de grève d’une ampleur exceptionnelle a touché la première économie d’Europe, principalement dans les transports, quasiment à l’arrêt, mais aussi dans d’autres secteurs, comme les hôpitaux ou la collecte des ordures. , partiellement atteint.
Cette grève portait sur la question des salaires. A la manœuvre se trouvent les syndicats Ver.di et EVG, qui représentent respectivement 2,5 millions de salariés dans les services et 230.000 salariés dans les chemins de fer. Leur objectif était une augmentation de salaire de 10,5 %. Une créance directement liée à l’inflation, qui a atteint près de 9 % sur un an outre-Rhin. Dans le secteur des transports, les employeurs n’évoquaient jusqu’à présent qu’une possible augmentation de 5 %.
Un gouvernement réactif
La grève de lundi, la plus importante dans les services publics allemands depuis 1992, selon le syndicat Ver.di, s’inscrit dans une séquence tendue autour des questions salariales. Le 8 mars, Journée internationale de la femme, le personnel des crèches et des jardins d’enfants a cessé de travailler dans la majeure partie du pays. Trois jours plus tard, après une longue confrontation avec le syndicat Ver.di, la poste allemande accorde à ses 160 000 employés des augmentations de salaire de 11% à 16%. Les 14 et 15 mars, ce sont les salariés des hôpitaux et des maisons de retraite qui ont appelé à tour de rôle à arrêter le travail.
A l’été 2022, la crainte du gouvernement allemand était celle d’un « automne chaud » et un « L’hiver de la colère », agité à la fois par le parti de gauche Die Linke et par l’extrême droite AfD. Au final, il ne s’est rien passé. Quelques manifestations ont eu lieu, principalement dans l’est du pays, mais aucun de ces deux partis politiques n’a réussi à mobiliser les foules. À la fois en raison de leurs propres faiblesses, mais aussi parce que la coalition dirigée par le chancelier Olaf Scholz a été très réactive à l’inflation. Notamment en annonçant, fin septembre 2022, un plan de 200 milliards d’euros destiné à protéger les ménages et les entreprises contre la flambée des prix de l’énergie.
Si l’automne et l’hiver ont été plus calmes que prévu, le printemps, en revanche, s’annonce relativement tumultueux. Après la grève de lundi, les syndicats ont assuré qu’ils ne bloqueraient pas les transports pendant le week-end de Pâques, vers le 10 avril, mais ils n’excluent pas de se mobiliser à nouveau par la suite. « Les salariés en ont marre d’être menés par le nez dans les négociations collectives », a déclaré le président de Ver.di, Frank Werneke. Depuis le début de l’année, le syndicat a revendiqué 70 000 nouveaux adhérents. « C’est la plus forte croissance que nous ayons connue depuis plus de vingt ans »dit Werneke.
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