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Et si, plutôt que de demander aux candidats d’envoyer leur CV pour un poste précis, les entreprises inversaient le processus et proposaient leur propre CV aux candidats potentiels en mettant en avant leurs valeurs et leurs projets ? Depuis fin janvier, une vingtaine d’entreprises agroalimentaires représentant de nombreuses enseignes déposent leur CV sur le site Cv-inverse.fr. Dans un format standard, ils présentent leurs expériences, leurs réalisations, leurs engagements. Les candidats intéressés envoient leur propre CV via le site à une ou plusieurs marques.
Une dizaine de jours après le lancement de cette initiative, cinq cents documents avaient déjà été déposés. Actuellement, le rythme varie entre vingt et trente par semaine. Dans un secteur qui peine à recruter, c’est déjà un succès. L’idée du « CV inversé » a été formulée lors d’un atelier collaboratif organisé en septembre 2022 par la communauté « Nourrir demain »., créé en 2015 par Sylvain Zaffaroni et Marion Mashhady avec l’ambition de « Reconstruire collectivement et durablement le système agroalimentaire français ».
La communauté réunit régulièrement des dirigeants d’une vingtaine de groupes et d’enseignes du secteur agroalimentaire : St Mamet, Arterris, D’Aucy, Candia, Savéol, Cérébos, etc. Lors de rencontres sous forme d’ateliers thématiques, ils partagent leurs préoccupations et chercher collectivement des solutions. Le CV inversé est né à l’issue d’une de ces journées consacrées à la pénurie de candidats, qui touche certains métiers du secteur. « Le message que nous avons diffusé sur LinkedIn annonçant le lancement de l’opération a été vu 200 000 fois en une journée et a généré une audience du site d’environ 10 000 visites quotidiennes dès le premier jour »accueille Sylvain Zaffaroni.
Une pénurie structurelle
Dans le secteur agro-alimentaire, les difficultés de recrutement liées au manque de candidats ne sont pas nouvelles, mais elles se sont aggravées. « A une pénurie structurelle, qui dure depuis plus de vingt ans, s’ajoute une pénurie temporaire liée à la fois à la pandémie de Covid, qui a tari les flux de migrants saisonniers, et à la complexité de l’écosystème, car les sites de production sont souvent situés dans des villages, ce qui oblige les candidats à trouver un logement et à disposer d’un véhicule »dit M. Zaffaroni.
La pénurie structurelle s’explique par le manque de formations proposées par l’Éducation nationale et par le niveau des diplômes et certifications désormais requis pour exercer les métiers d’éleveurs, d’agriculteurs ou de maraîchers. Cependant, le CV inversé ne vise pas les métiers techniques de la production, de l’élevage ou de la récolte, bien qu’ils soient particulièrement rares. Dans ces métiers, le recrutement se fait principalement via Pôle emploi ou les agences d’intérim, via la promotion interne ou auprès des lycées techniques pour les alternants.
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