Voilà une batterie de chiffres qui va saisir les contradicteurs du gouvernement. Selon une note publiée jeudi 11 mai par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la proportion de seniors qui ne sont ni en emploi ni à la retraite a légèrement augmenté au cours de la dernière décennie : en 2021, elle atteignait 16 %, en moyenne. , parmi les personnes âgées de 55 à 69 ans, contre 14 % en 2014. Cette tendance met en lumière l’épineuse question du maintien dans l’emploi des travailleurs vieillissants, au moment même où l’exécutif oblige la population à rester plus longtemps dans son emploi, l’âge de l’éligibilité à la retraite étant repoussée à 64 ans par la loi promulguée le 14 avril.
L’auteur de l’étude, Eliette Castelain, est très prudente sur les origines du problème. Il note que, depuis 2014, la proportion de retraités a diminué de huit points, du fait « surtout les différentes réformes » : celle, notamment, de novembre 2010, qui a fait passer l’âge légal de la retraite de 60 à 62 ans, et celle de janvier 2014, qui a allongé la durée de cotisation requise pour pouvoir prétendre à une retraite à taux plein.
Dans le même temps, le pourcentage de seniors actifs a augmenté, en grande partie grâce à ces mêmes réformes, « mais sans pleinement compenser » la baisse de la proportion de retraités. Résultat : la part des individus sans pension ni revenu d’activité a légèrement augmenté (de deux points donc en sept ans). Ils se retrouvent dans ce que l’économiste Michaël Zemmour appelle une « chambre de la précarité » : ils n’ont pas d’emploi et ne perçoivent pas encore leur retraite (soit parce qu’ils n’y ont pas droit, soit parce qu’ils ne remplissent pas les conditions pour être au taux plein).
Phénomène très marqué chez les « peu ou pas diplômés »
Parmi les personnes âgées de 55 à 61 ans qui se retrouvent dans une telle situation, 19 % sont au chômage (c’est-à-dire « en recherche active » un poste) et 45% sont inactifs, « pour des raisons de santé ou d’invalidité » : autrement dit, c’est, le plus souvent, un sort qui est subi, comme le note l’INSEE. Les « sans salaire ni pension » (âgés entre 55 et 61 ans) sont à 59 % des femmes. Le phénomène est très marqué chez ceux qui sont « peu ou pas diplômés »ajoute Eliette Castelain.
La note ne renseigne pas sur les ressources de cette catégorie, mais elles proviennent très souvent des allocations chômage, des minima sociaux et des pensions d’invalidité, comme l’explique une enquête publiée en 2018 par la direction des études et statistiques des ministères sociaux.
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