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ReportageFace à la pénurie de main-d’œuvre dans la restauration ou la construction, de plus en plus d’employeurs défendent un meilleur accès aux titres de séjour.
Avec entrain et passion, souvent une cigarette roulée entre les doigts, Etienne Guerraud parle pendant des heures de son métier, le « la dernière grande brasserie indépendante de Paris ». Pour exploiter Le Café du Commerce, dans le 15e district, il utilise de la main-d’œuvre étrangère depuis des années. « Sans eux, je ferme boutique », dit-il sans ambages. Les étrangers représentent 40% de sa cinquantaine d’employés. Il y a Idriss et Hamadi, deux mauritaniens, respectivement pâtissier et aide de cuisine, mais aussi Dieuvenor, un lave-vaisselle haïtien et Mamadou, un cuisinier malien… « Je ne les échangerais pas contre un Gaulois, ce sont des gars formidables. »
![Dieuvenor, 30 ans, plongeur, est arrivé d'Haïti en 2017. Sa procédure de régularisation est en cours d'examen. Ici, dans la cuisine du Café du Commerce, à Paris, en juin 2022.](https://thebuzzly.com/wp-content/uploads/2022/07/de-Paris-au-Pays-basque-des-patrons-plaident-pour-la.jpg)
Les procédures de régularisation, Etienne Guerraud les connaît bien aussi. Combien de fois un salarié est-il venu le voir, après plusieurs mois de contrat, pour lui avouer qu’il lui avait présenté le titre de séjour d’une autre personne lors de son embauche et qu’en réalité il est sans papiers ? C’est ce qu’on appelle travailler sous un alias. A chaque fois, M. Guerraud a accompagné ses salariés tout au long de la procédure fastidieuse et incertaine de la régularisation par le travail.
Selon la circulaire ministérielle de 2012, dite Valls, qui fixe les critères selon lesquels un préfet peut exceptionnellement accorder un titre de séjour à un travailleur, ce dernier doit présenter vingt-quatre fiches de paie, être présent en France depuis au moins trois ans et présenter une promesse d’embauche. Un peu plus de 8 000 personnes en ont bénéficié en 2021.
« Permettre un traitement plus rapide des régularisations »
Rien de simple. Dieuvenor, le plongeur haïtien de 30 ans, qui remplit toutes les conditions de régularisation depuis juin 2021, n’a obtenu un rendez-vous à la préfecture des Yvelines qu’en décembre 2022 pour déposer sa demande de titre de séjour. Il lui faudra certainement attendre plus d’un an avant d’avoir une réponse. D’ici là il a » craindre « . « Nous sommes au bout du bout, lâche Étienne Guerraud. Il faut simplifier les choses. »
![Dieuvenor, lave-vaisselle au Café du Commerce, montre la photo des funérailles de sa mère qui ont eu lieu la semaine précédente en Haïti. Ne pouvant être présent, il a demandé à un ami de confiance de le représenter. A Paris, en juin 2022.](https://thebuzzly.com/wp-content/uploads/2022/07/1656700796_882_de-Paris-au-Pays-basque-des-patrons-plaident-pour-la.jpg)
C’est pour dénoncer cette ineptie et l’inaccessibilité des préfectures aux travailleurs étrangers que la CGT devait organiser, mercredi 29 juin, un rassemblement devant la direction générale des étrangers en France (DGEF) à Paris. Le syndicat veut « mettre fin au « bon vouloir » des préfectures » et que les régularisations peuvent être initiées sur simple présentation d’un justificatif de travail. « Des pans entiers de l’économie ne fonctionneraient pas sans leur force de travail »insiste la CGT.
Ce discours, de plus en plus d’employeurs l’approuvent. « La réalité, c’est que tous les restaurateurs à Paris ont un ouvrier sous un pseudoconfie à son tour Jean Ganizate, co-fondateur du groupe de restauration Melt. Les Français ne veulent plus travailler dans des métiers difficiles. » M. Ganizate connaît bien la CGT, qui l’a accompagné sur plusieurs dossiers de régularisation d’employés sénégalais, papous et bangladais. Aujourd’hui encore, il demande au syndicat de l’aider alors qu’un de ses adjoints, sri-lankais en France depuis plus de dix ans, craint de se cacher alors qu’il n’a aucune nouvelle de sa demande de renouvellement de titre de séjour.
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