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Le discours fracassant de Fabien Roussel opposant, lors de la Fête de Humanité, « le travail est parti » à « la gauche des indemnités » créé une vive polémique. Inspiré par la rhétorique conservatrice de la critique de « cancer de l’assistanat » (Laurent Wauquiez) ou la valorisation symétrique et inverse de « la France qui se lève tôt » (Nicolas Sarkozy), ces déclarations visent à réarmer moralement les classes laborieuses et populaires menacées. Cependant, ils ont le tort de reposer sur une idée fausse : contrairement à ce qu’affirme le dirigeant communiste, il n’y a plus de séparation claire entre le monde du travail et celui des prestations sociales.
En s’opposant « le travail est parti » à « la gauche des indemnités [et] minima sociaux », Fabien Roussel cache un phénomène majeur : la porosité croissante entre le monde du travail et celui de l’assistance. Masquée par les positions délibérément clivantes et binaires du discours politique, cette réalité est aujourd’hui l’un des traits saillants de notre organisation sociale.
Depuis le début des années 2000, la dichotomie entre ce qui relève de l’aide et ce qui relève de l’aide au travail – en particulier le travail précaire et mal rémunéré – ne tient plus. Avec la création de la prime à l’emploi en 2001, l’État a pris acte du fait que de nombreux travailleurs et notamment les travailleuses à faible revenu n’arrivaient plus à joindre les deux bouts malgré les salaires que leur versaient leurs employeurs privés. ou public : ils avaient du mal à payer ce qu’on appelle aujourd’hui leurs dépenses contraintes – logement ou la facture d’électricité, par exemple.
Dynamique profonde
Pour surmonter cette difficulté, l’une des orientations de la politique sociale française a consisté à soutenir le revenu des travailleurs à faible revenu – ce qui a conduit à imbriquer le monde du travail et celui des allocations. En faisant des prestations sociales un complément de salaire pour les salariés payés jusqu’à un salaire et demi SMIC, cette politique a progressivement gommé la frontière entre ce qui relève du travail salarié et ce qui relève des prestations sociales. Créé en 2008, le revenu de solidarité active (RSA), qui a pérennisé les possibilités de combiner revenus d’activité et solidarité, et qui les a étendus à des emplois à temps très partiel, a renforcé ce phénomène.
En apportant un complément de revenu aux salariés à faibles revenus, la prime d’activité instaurée huit ans plus tard, en 2016, a également contribué à nourrir ce rapprochement entre le monde du travail et celui de l’assistance. S’il a permis d’accompagner les personnes en difficulté, il a, en concentrant l’effort de redistribution sur les moins pauvres des pauvres, institutionnalisé une perméabilité croissante entre le monde des salariés et celui des allocataires.
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