«Nous n’avions jamais eu un pic aussi élevé. Nous avons encore tellement d’entrepreneurs qui cherchent à recruter, mais ils ne trouvent plus les compétences dont ils ont besoin », s’inquiète François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). Alors que la moitié des dirigeants de PME recrutent actuellement, 94% d’entre eux déclarent avoir des difficultés à trouver le « bon profil »indique une étude publiée ce mardi 19 juillet par le CPME.
L’organisation patronale a interrogé, en ligne, du 16 juin au 12 juillet, 2.362 dirigeants de TPE-PME sur l’état de leur activité. Ces chiffres confirment une tendance déjà illustrée à plusieurs reprises par des études de la Banque de France ou l’enquête « Besoins en main-d’oeuvre » de Pôle emploi, à partir de 2022, selon laquelle 57,9% des projets de recrutement sont jugés difficiles par les entreprises, soit 13 points de plus qu’en 2021.
Les employeurs, et ici le CPME, attribuent régulièrement ces difficultés au manque de personnel qualifié et à l’inadéquation entre les compétences recherchées et les compétences des candidats. Selon l’enquête du CPME, 74 % des chefs d’entreprise concernés se plaignent de la« manque de candidats »quand 47% citent un manque de compétences.
Mauvaises conditions de travail et bas salaires
Au-delà de la conjoncture économique défavorable, le président de l’organisation patronale s’étonne du fort turn-over rencontré par un cadre interrogé sur quatre : « La moitié des salariés qui partent le font pour se consacrer à un projet personnel, sans reprendre le travail. On touche aux conséquences post-Covid, c’est un phénomène de société. Et nous, employeurs, restons désarmés par rapport à cela »déplore François Asselin, qui évoque aussi les nombreux salariés qui ont changé de secteur depuis la crise du Covid.
Pour autant, ces raisons ne suffisent pas à justifier l’impossibilité de trouver des profils dans des secteurs en tension : les bas salaires et les mauvaises conditions de travail en sont la principale cause, a montré une étude de la direction de la recherche et des études et statistiques (Dares) du ministère du Travail. , publié en juin (« Quelles sont les conditions de travail qui contribuent le plus aux difficultés de recrutement dans le secteur privé ? »Analyses n° 26, Dares, juin 2022).
« Quand on croise les difficultés de recrutement avec la difficulté des conditions de travail évoquées par les employeurs, ce sont ceux qui présentent les conditions les plus difficiles en termes d’horaires, de pénibilité, de difficulté à faire un travail de qualité qui ne peuvent pas recruter »explique Thomas Coutrot, économiste et auteur de l’étude.
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